Le contrat de travail mixte productif/social comme fondement d'un état providence participatif ou de mutualisation du travail social.
Publié aussi chez Jorion, sous le même titre, suivi de nombreux commentaires.
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L'économie durable est la conjonction de trois aspects de l'activité, un aspect économique, un aspect écologique et un aspect social.
Le PIB est souvent critiqué parcequ'il agrège des activités qui ne nous enrichissent pas, comme les déraillements de trains. Il serait sans doute plus efficace de mesurer la richesse d'un pays et son évolution sur la base de données comparables au capital propre et au résultat d'exploitation employées pour les entreprises. Toutefois, il est possible de contourner les inconvénients du PIB en le pondérant par des critères écologiques et sociétaux. Sur ce site, et dans ce document de Jean Gadrey 2006, des présentations très pédagogiques de la question du PIB, des nouveaux indicateurs et des enjeux de la mesure des richesses. Ci-dessous, une tentative de mesure généraliste de la richesse que j'ai appelée le PIBED (PIB équitable et durable) qui serait le PIB divisé par un coefficient d'empreinte sans dimension Ce (Empreinte par habitant divisée par la biocapacité pour 8.5 milliards d'habitants, soit environ 1.33ha/personne) et divisé par un coefficient d'inégalité Ci aussi sans dimension (GINI de revenus disponibles/GINI optimum soit environ 0.22). Il est probable que l'indice GINI d'équité sociale optimum soit réalisé par les pays nordiques, il se situe vers 0.22 (l'indice GINI est compris entre 0 et 1. La valeur 1 correspond au cas ou toutes les richesses d'un pays sont concentrées dans les mains d'une personne; 0 correspond au cas d'une égalité parfaite).
On obtiendrait un PIBED=PIB dans le cas d'un indice d'empreinte écologique de 1, c'est à dire sans dépassement de la biocapacité de la terre, couplé à des revenus disponibles pas plus dispersés que ceux des pays nordiques. Un PIBED supérieur au PIB indique qu'il reste des marges de biocapacité (ou théoriquement que l'indice d'inégalité GINI des revenus disponibles est inférieur à 0.22, ce qui n'existe nulle part). Un PIBED inférieur au PIB indique qu'on surexploite les ressources (et/ou dans une moindre mesure que l'indice d'inégalité est élevé), donc en général qu'on contracte une dette écologique (c'est le cas, et très largement, de tous les pays dits développés ou en développement).
La mesure n'est pas tout, mais un indicateur de mesure comme le PIBED pourrait valoriser les efforts écologiques et sociétaux et redonner sens à la notion de progrès. Jean GADREY expose avec sa compétence dans le domaine les intérêts que peuvent avoir le PIBED. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la tendance actuelle du monde développé est sous-traiter sa pollution aux pays émergents et qu'un indice comme le PIBED pourrait même favoriser cette tendance. La façon de comptabiliser les échanges dans le PIBED est donc très importante.
Le gros avantage que je vois à utiliser un PIBED plutôt qu'un indice, c'est qu'il est facilement et directement compréhensible par les acteurs économiques. D'autre part, il ne dicte pas comment faire, à chaque population d'imaginer la façon de s'y prendre pour être à la fois compatible avec les ressources disponibles et que les richesses créées soient réparties assez équitablement pour que les personnes adhèrent à ce projet social. Globalement, le développement n'a pas, jusqu'ici, été contraint sur le plan énergétique et sur le plan matériaux, ce qui fait qu'on a actuellement une très forte corrélation PIB et empreinte écologique. Toute la question est de savoir si nous sommes capables d'une révolution culturelle et d'une révolution technologique qui nous permettraient de faire converger PIB et PIBED. Les évolutions du marché vont nous y aider. En effet, le prix de l'énergie, en particulier du pétrole (et très bientôt du nucléaire étant donné les faibles réserves en Uranium, donc inutile de rêver voir le nucléaire remplacer le pétrole; les énergies renouvelables de la mer nous donnent une seconde chance, saurons-nous la saisir?), ainsi que le prix des matières vont nous orienter vers plus de frugalité, ce qui ne signifie pas que nous allons retourner à l'âge de pierre. Le mode de vie des américains et le nôtre sont négociables.
Des membres du FMI ont même publié (juin 2015) un rapport pointant l'effet négatif des inégalités sur le développement économique.
L'Etat Providence Participatif ouvre une boucle de discussion. Venez nous aider à le construire.
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L'état providence redistributif éprouve des difficultés économiques, pratiques et symboliques à assurer la réalisation de notre pacte social égalitariste. C'est que le transfert de richesses assuré au moyen de l'impôt se révèle insuffisant ou inadapté. La richesse réside en premier dans les connaissances et dans les relations. Le projet de l'état providence participatif est de mobiliser le stock de temps considérable dont notre société dispose afin de prendre soin des plus dépendants (service à la personne), de développer le soutien et l'encadrement à la lutte contre l'addiction, de soutenir la formation, en particulier des plus jeunes et, d'une façon générale, procurer une vraie reconnaissance au travail associatif bénévole. Il fonde le projet d'établir la pratique de deux métiers comme norme, un métier productif (privé ou public) soutenu par une économie de marché capitaliste et un métier social (privé ou public) soutenu par une économie de marché fluide ou distributif disposant d'une monnaie fondante. Il s'agit d'un projet d'essence socio-démocrate donnant toute sa place à l'acteur, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social.
Le but de ce groupe de discussion est de confronter et d'enrichir ce projet, en particulier sur le plan économique, sur le plan juridique et par une confrontation avec des situations très concrètes.
"La société industrielle liait un mode de production et un mode de protection. Elle scellait ainsi l'unité de la question économique et de la question sociale. La société post-industrielle, elle, consacre leur séparation et marque l'aube d'une ère nouvelle." Daniel COHEN, économiste.
Le PIB (et ses petits) rythme l'activité et la confiance. Que cet indice chute et la confiance baisse et le moral se met en berne. Qu'il augmente et tout va mieux. Le problème bien connu de cet indice c'est qu'il intègre tout, y compris les déraillements de trains. Tout le monde sait que cet indice est en train de nous rendre complètement schyzophrènes, solidaires et écologistes 5 mn et PIBistes le reste du temps.
Les adeptes de la décroissance oublient un élément majeur, c'est que la décroissance est désespérante et qu'elle n'est psychologiquement pas supportable pour les occidentaux. Que faire? Ce que Sarkozy vient de proposer à deux prix Nobel d'économie, Amartya SEN et Joseph STIGLITZ, c'est à dire de créer un nouvel indice (ou imposer un ou plusieurs de ceux déjà créés IDH, IPH, IPF, ISS, cf collectif FAIR, voir la commission des deux Nobel ). Voir article de Jean Gadrey et Forence Jany-Catrice par exemple . En fait, le terme de décroissance est malheureux, parce que les adeptes de la décroissance visent bien, pour la plupart, à poursuivre le développement. C'est à dire qu'ils ne sont pas en rupture avec l'idée de progrès, mais plutôt avec la conception quantitative de croissance que le PIB lui confère aujourd'hui. Il conviendrait donc de bien différencier les thèses de décroissance qui proposent une rupture avec le mythe du progrès de celles qui proposent un développement vraiment durable et qui ne sont pas en rupture avec le progrès. Encore que ce développement durable n'est bien souvent qu'un cache sexe pour faire survivre la croissance (lire Serge Latouche qui n'est pas en rupure avec l'idée progrès mais qui est un fin analyste des divers travestissements du développement quantitatif).
Pour fonctionner, ce nouvel indice (sans doute faudrait-il plutôt s'appuyer sur un ensemble d'indices, parce que la société est complexe et qu'on n'imagine pas estimer son état de santé par exemple sur le seul critère de la température) devra respecter les principes d'une économie durable et en même temps pouvoir croître pour fonder la confiance sans laquelle il n'est pas d'économie...durable. D'autre part, l'actualité nous démontre qu'il existe une tendance des gouvernements à manipuler les indices (chômage, coût de la vie). J'ajouterais que la société civile ne peut se mobiliser que pour des indicateurs assez transparents et assez significatifs (calculez votre empreinte écologique). Le fait que le PIB ne colle plus avec le progrès explique en partie la désaffection populaire pour cet indice. L'indice d'évolution du coût de la vie est en train d'être déconsidéré parce qu'il ne colle plus avec la vie quotidienne (en grande partie à cause des loyers et maintenant des produits alimentaires, de l'énergie...) alors que celui du chômage l'est depuis longtemps, d'autant plus que l'ANPE s'oriente vers une politique de radiation de plus en plus marquée.
Si ces deux Nobel arrivent à créer cet indice (ces indices) et qu'il s'impose, ce sera une des révolutions économiques les plus importantes depuis l'avènement de l'économie. En effet, notre société repose sur le mythe du progrès et la flèche principale qui mesure ce progrès est le PIB. La croissance (du progrès) est l'augmentation du PIB. Nous confondons croissance et obésité. Il ne s'agit pas de remettre en cause le mythe du progrès (comme le croit Claude Allègre, suivi par Jacques Attali, quand ils fustigent le principe de précaution), mais de lui redonner un contenu sensé en accord avec des objectifs sociaux et environnementaux solidaires et responsables. On pourrait promouvoir un indice du type PIB/(empreinte écologiquexindice d'inégalité). Est-ce impossible? Le développement "réel" (par similitude avec l'expression de communisme ou socialisme "réel") ne peut-il avoir d'autre forme que la forme destructrice que nous lui connaissons?
Le groupe CEPREMAP (centre pour la recherche économique et ses applications) a publié courant 2007 un ouvrage intitulé "La société de la Défiance; comment le modèle français s'autodétruit" sous la direction de Daniel COHEN. Cet ouvrage de moins de 100 pages très documenté peut apporter beaucoup d'éléments de réponses à tous ceux qui penchent fortement vers le "tous pourris", sans bien comprendre d'où cela vient. Un lien entre les traits fortements corporatistes de notre état providence, le fort étatisme (l'état fourre son nez partout) et la défiance généralisée des français y est clairement établi. A lire par tous les révoltés, même si ça fait un peu mal!
Supprimer les départements est une réponse au lieu commun qui dit que la France comporte trop de niveaux administratifs. Entre l'état et la commune, il y a la région, les départements et les cantons, ce qui fait 5 étages. Si on fait une analyse complète de la société, il faudrait ajouter l'individu ou plutôt le citoyen (ou la famille ou groupe de vie qui est le lieu ou les échanges quotidiens ont lieu et qui peut à ce titre être considéré comme l'échelon politique de base). D'un point de vue quantitatif, on a 26 régions pour un état, 4 départements par région, 44 cantons par département et 8 communes par canton. Soit quelques unités à quelques dizaines d'unités d'un niveau à l'autre.
Mais il y a environ 1700 individus en moyenne pour une commune (soit environ 500 familles si on se réfère à ce critère). Cette fois la proportion n'est plus de quelques dizaines mais de quelques centaines. Il y a donc ici une rupture, un trou démocratique, entre d'une part les élites et les professionnels de la politiques qui sont capables de décoder les enjeux des choix politiques à faire et d'autre part les individus dans leur ensemble manipulables parce qu'isolés. Il y a un trou entre ceux qui ont prise sur l'actu, qui en font partie et ceux qui la subissent. L'explosion des NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) permet à des groupes de réflexion, des forums en tous genres de combler en partie ce vide. La démocratie participative se forme cahin caha en dehors des cadres institutionnels, sans accéder à une maturité suffisante pour devenir délibérative. Cette question du trou démocratique me semble mériter une attention beaucoup plus grande que l'actuel débat sur les départements lancé par le "plan" Attali. En effet, comment expliquer le hiatus qui s'est formé entre les classes dominantes, politiques, économiques et médiatiques appelant très majoritairement à voter pour le oui au projet de constitution européenne en 2005 et le succès sans réserve du non?
Entité | Nombre d’entités | Nombre moyen de personnes par entité |
Etat | 1 | 63000000 |
Région | 26 | 2423077 |
Département | 100 | 630000 |
Canton | (4500) | 14000 |
Commune | 36000 | 1750 |
Citoyen | 63000000 | 1 |
Presque tout le blog Etat Providence Participatif.pdf organisé selon trois piliers:
Eduardo Galeano : "L' utopie est à l' horizon. Quand je fais deux pas vers elle, elle s' éloigne de deux pas. Je fais dix pas et elle est dix pas plus loin. A quoi sert l' utopie ? Elle sert à ça, à avancer."