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Des indices de développement en croissance mais pas le culte PIBien de l'obésité.

Le PIB (et ses petits) rythme l'activité et la confiance. Que cet indice chute et la confiance baisse et le moral se met en berne. Qu'il augmente et tout va mieux. Le problème bien connu de cet indice c'est qu'il intègre tout, y compris les déraillements de trains. Tout le monde sait que cet indice est en train de nous rendre complètement schyzophrènes, solidaires et écologistes 5 mn et PIBistes le reste du temps.

 

Les adeptes de la décroissance oublient un élément majeur, c'est que la décroissance est désespérante et qu'elle n'est psychologiquement pas supportable pour les occidentaux. Que faire? Ce que Sarkozy vient de proposer à deux prix Nobel d'économie, Amartya SEN et Joseph STIGLITZ, c'est à dire de créer un nouvel indice (ou imposer un ou plusieurs de ceux déjà créés  IDH, IPH, IPF, ISS, cf collectif FAIR, voir la commission des deux Nobel ). Voir article de Jean Gadrey et Forence Jany-Catrice par exemple . En fait, le terme de décroissance est malheureux, parce que les adeptes de la décroissance visent bien, pour la plupart, à poursuivre le développement. C'est à dire qu'ils ne sont pas en rupture avec l'idée de progrès, mais plutôt avec la conception quantitative de croissance que le PIB lui confère aujourd'hui. Il conviendrait donc de bien différencier les thèses de décroissance qui proposent une rupture avec le mythe du progrès  de celles qui proposent un développement vraiment durable et qui ne sont pas en rupture avec le progrès. Encore que ce développement durable n'est bien souvent qu'un cache sexe pour faire survivre la croissance (lire Serge Latouche qui n'est pas en rupure avec l'idée  progrès mais qui est un fin analyste des divers travestissements du développement quantitatif).

 

Pour fonctionner, ce nouvel indice (sans doute faudrait-il plutôt s'appuyer sur un ensemble d'indices, parce que la société est complexe et qu'on n'imagine pas estimer son état de santé par exemple sur le seul critère de la température) devra respecter les principes d'une économie durable et en même temps pouvoir croître pour fonder la confiance sans laquelle il n'est pas d'économie...durable. D'autre part, l'actualité nous démontre qu'il existe une tendance des gouvernements à manipuler les indices (chômage, coût de la vie). J'ajouterais que la société civile ne peut se mobiliser que pour des indicateurs assez transparents et assez significatifs (calculez votre empreinte écologique). Le fait que le PIB ne colle plus avec le progrès explique en partie la désaffection populaire pour cet indice. L'indice d'évolution du coût de la vie est en train d'être déconsidéré parce qu'il ne colle plus avec la vie quotidienne (en grande partie à cause des loyers et maintenant des produits alimentaires, de l'énergie...) alors que celui du chômage l'est depuis longtemps, d'autant plus que l'ANPE s'oriente vers une politique de radiation de plus en plus marquée.

 

Si ces deux Nobel arrivent à créer cet indice (ces indices) et qu'il s'impose, ce sera une des révolutions économiques les plus importantes depuis l'avènement de l'économie. En effet, notre société repose sur le mythe du progrès et la flèche principale qui mesure ce progrès est le PIB. La croissance (du progrès) est l'augmentation du PIB. Nous confondons croissance et obésité. Il ne s'agit pas de remettre en cause le mythe du progrès (comme le croit Claude Allègre, suivi par Jacques Attali, quand ils fustigent le principe de précaution), mais de lui redonner un contenu sensé en accord avec des objectifs sociaux et environnementaux solidaires et responsables. On pourrait promouvoir un indice du type PIB/(empreinte écologiquexindice d'inégalité). Est-ce impossible? Le développement "réel" (par similitude avec l'expression de communisme ou socialisme "réel") ne peut-il avoir d'autre forme que la forme destructrice que nous lui connaissons?

Un échange sur le même thème sur le blog de Paul JORION

 Jorion18 03 2008.pdf

Commentaires

  • Voilà une riche initiative... Déjà que question PIB, le "Ô Combien Vénéré Chef", il ne dit que des âneries lui et sa calculette, ça va arranger les choses que d'inventer autre chose !

    C'est simple, quand il ne comprend rien, il invente. Quand il ne sait pas l'inventer (et pourtant il a l'imagination féconde et le verbe haut), il demande à d'autres de le faire : Les exemples fourmillent (Ballamou, Attali...) !

    La dernière idée, c'était de demander, lui l'avocat de formation, au 1er Président de la Cour de Cass (rien de moins) la manière de rendre immédiatement applicable la mesure de rétention des criminels les plus dangereux pour "crime à commettre", que le Conseil Constitutionnel vient de rendre inopérant au motif constitutionnel que la loi pénale plus dure ne s'applique jamais rétroactivement (sauf sous Vichy, naturellement).
    Elle s'appliquera, mais que pour les crimes à venir. Pas d'effet rétroactif, désormais constitutionnel (alors qu'avant c'était seulement inscrit dans le corpus du Code de 1809).

    Faut le faire !
    Demander au plus haut magistrat de l'ordre civil la méthode pour contourner une décision constitutionnelle, moi, j'admire.

    Alors le PIB ou tout autre "thermomètre", après ça on peut toujours tout casser pour renouveler par n'importe quoi d'autre : de toute façon, ça ne veut plus rien dire !
    Même si ce sont des Nobels qui le disent.

    Bonne journée !
    (Et excuse moi d'avoir encore dû être désagréable... Je n'y peux rien) !

  • Bonjour i2,
    Désagréable oui, mais pour qui?
    Les présidents passent et les indices restent et je crois vraiment qu'il est urgent de détrôner le PIB qui ne mesure plus le progrès, c'est de plus en plus évident.

  • A titre subsidiaire si tu veux !
    Pour le reste, faut quand même pouvoir faire des comparaisons.

    Et puis je te signale qu'en multipliant les indices, qui multiplient les sources et donc les effets de levier de quelques-uns, il sera trop simple de dire que nous sommes les meilleurs en "progrès social", par exemple et exception faite des Emirats arabes et unis, à en être un paradis envié, par rapport à tout autre système de soin partout ailleurs dans le monde !

    Et ah que qui paye quoi au juste ?
    Il est en faillite prononcée, notre système de soins (et pas celui des EAU), parce que nous n'avons pas vraiment les recettes suffisantes pour payer les dépenses nécessaires...
    Faut pas dek à outrance, à ce jeu là !

  • La question est de savoir si le PIB reste crédible comme seul thermomètre du progrès. Si oui, on continue et on finit de manger ce qu'il reste de la planète et on met les pauvres en cabane (modèle USA), ou bien on se dit qu'après une longue période légitime, le PIB doit être complété par d'autres indices qui prennent en compte les questions sociales et environnementales. A ce jeu là, les social-démocraties du Nord sont championnes tout en gardant un PIB très élevé.

  • J'en suis d'accord : à titre de "complétude" !
    Voire principal, mais c'est pour un autre siècle que le nôtre.

    En attendant, le PIB ne mesure pas le progrès, mais le niveau d'activité (tout confondu, "marchand" et "non marchand", c'est-à-dire subventionné, grosso modo).

    Faut pas non plus lui demander le lune, puisque déjà il ne sait pas faire la différence entre PIB Marchand (créateur de richesses monétarisées) et PIB non marchand (bouffeur de la création de richesses monétarisées).

    Quand on aura déjà fait cette distinction (si on y arrive, ce qui n'est pas sûr tellement les "macro-économistes" nous mélangent le tout parce qu'ils ne savent pas faire autrement), on pourra alors commencer à causer de "progrès social" et autre.

    Bien à toi !

  • Dans les esprits et dans les faits, on demande bien au PIB de mesurer le progrès, c'est bien ça le problème. Si la croyance dans le progrès venait à s'écrouler, je crois que nous verrions une dépression collective catastrophique, un immense "malaise dans la société". C'est que "Dieu est mort".

  • Non non ! On ne lui demande de mesurer qu'un volume d'activité !
    Nuance...
    Qui a dit que plus on en faisait, plus on vivait heureux ? Pas en Corsica Bella Tchi-tchi en tout cas !

    Ni sur le continent non plus... D'ailleurs, c'est eux qui ont inventé la "médecine du travail", comme quoi, il s'agit bien d'une maladie référencée !
    (Pour plus de précision, cf. http://infreequentable.over-blog.com/article-6372024.html )

    C'est d'ailleurs pour cette raison que tu parles de Produit National de Bonheur (PNB).
    Ce qui n'est pas nouveau. On en parlait déjà quand j'usais mes fonds de culotte à la fac... bientôt 30 ans !

    Or, le bonheur, c'est justement de se contenter de ce qu'on a, pas de ce qu'on pourrait avoir. Faudrait relire les épicuriens, les stoïciens ou les grecs anciens sur le sujet (Pas Thomas d'Aquin, ni Schopenhaueur, ils ont d'autres conceptions du bonheur un peu plus difficile à aborder)

    Je te dis, tout est dans la nuance.

  • Le PIB mesure le volume d'activité, c'est clair. Mais son évolution est une mesure du progrès et cette mesure dit (malheureusement) en effet que plus on en fait et plus on est en accord avec ce mythe. C'est assez différent de la question du bonheur. En principe, ce n'est pas contradictoire, encore que parfois on soit prêts à sacrifier beaucoup de personnes sur l'autel de la croissance (et donc du progrès, dans le sens qu'il a aujourd'hui)-voir le nombre de personnes au dessous du seuil de pauvreté.
    En confondant progrès et bonheur, tu passes à côté de ce que je tente de dire.

  • Je ne sais pas si je confonds ou si nous entrons tous les deux (et d'autres avec nous) dans le domaine du fantasme.

    Pour te faire rire, j'avais déjà noté que bien des gens s'emmêle les pinceaux assez radicalement : http://infreequentable.over-blog.com/article-5932000.html

    Mais pas seulement : Sache que dans le calcul du PIB, sont ôtés toutes les dépenses de redistribution, au motif "qu'il y a égalité" : 10.000 de production vendue - 2.000 de prélèvement = 10.000 de consommation - 2.000 de redistribution prélevées en amont.
    Le problème, c'est que si on compte que les consommations, il faut rajouter le 2.000 et si on ne compte que les production, il faut aussi les rajouter. Mais quand on compare les prélèvements au 10.000, on n'a plus 2.000/(10.000) soit 20 % %, mais 2.000 - 8.000 soit 25 %.

    Hors, tout le monde prend 10.000 de base. Ce qui ne veut rien dire : il suffirait d'augmenter tous les prélèvements jusqu'au taux de 100 % et on aurait doublé le PIB (voire plus : 125 %).
    Donc, faut se méfier de quoi qu'on cause...
    Car ce serait grand progrès, nous dirait-on et tu t'insurgerait autant que moi !

  • L'art de s'embourber portée à son climax! Tout ce génie à voir que l'édifice va se casser la gueule et incriminer jusqu'aux "particules élémentaires" qui le constitue, de "zéro à l'infini", et passer à côté de la clé de voute de l'édifice ((le mythe du progrès) et du fait que le fil à plomb (le PIB et son évolution) est faussé. Que de temps et d'énergie à chasser les mouches!

  • Ouais !
    M'enfin, il arrive qu'avancer dans le brouillard épais de la nuit avec des lunettes de soleil... ça reste de la haute voltige.

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