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PIB et PIBED

durable.pngL'économie durable est la conjonction de trois aspects de l'activité, un aspect économique, un aspect écologique et un aspect social. 

Le PIB est souvent critiqué parcequ'il agrège des activités qui ne nous enrichissent pas, comme les déraillements de trains. Il serait sans doute plus efficace de mesurer la richesse d'un pays et son évolution sur la base de données comparables au capital propre et au résultat d'exploitation employées pour les entreprises. Toutefois, il est possible de contourner les inconvénients du PIB en le pondérant par des critères écologiques et sociétaux.  Sur ce site, et dans ce document de Jean Gadrey 2006, des présentations très pédagogiques de la question du PIB, des nouveaux indicateurs et des enjeux de la mesure des richesses. Ci-dessous, une tentative de mesure généraliste de la richesse que j'ai appelée le PIBED (PIB équitable et durable) qui serait le PIB divisé par un coefficient d'empreinte sans dimension Ce (Empreinte par habitant divisée par la biocapacité pour 8.5 milliards d'habitants, soit environ 1.33ha/personne) et divisé par un coefficient d'inégalité Ci aussi sans dimension (GINI de revenus disponibles/GINI optimum soit environ 0.22). Il est probable que l'indice GINI d'équité sociale optimum soit réalisé par les pays nordiques, il se situe vers 0.22 (l'indice GINI est compris entre 0 et 1. La valeur 1 correspond au cas ou toutes les richesses d'un pays sont concentrées dans les mains d'une personne; 0 correspond au cas d'une égalité parfaite).  

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PIBED2.jpg

   On obtiendrait un PIBED=PIB dans le cas d'un indice d'empreinte écologique de 1, c'est à dire sans dépassement de la biocapacité de la terre, couplé à des revenus disponibles pas plus dispersés que ceux des pays nordiques. Un PIBED supérieur au PIB indique qu'il reste des marges de biocapacité (ou théoriquement que l'indice d'inégalité GINI des revenus disponibles est inférieur à 0.22, ce qui n'existe nulle part). Un PIBED inférieur au PIB indique qu'on surexploite les ressources (et/ou dans une moindre mesure que l'indice d'inégalité est élevé), donc en général qu'on contracte une dette écologique (c'est le cas, et très largement, de tous les pays dits développés ou en développement).

PIBED.jpg

 La mesure n'est pas tout, mais un indicateur de mesure comme le PIBED pourrait valoriser les efforts écologiques et sociétaux et redonner sens à la notion de progrès. Jean GADREY expose avec sa compétence dans le domaine les intérêts que peuvent avoir le PIBED. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la tendance actuelle du monde développé est sous-traiter sa pollution aux pays émergents et qu'un indice comme le PIBED pourrait même favoriser cette tendance. La façon de comptabiliser les échanges dans le PIBED est donc très importante.

Le gros avantage que je vois à utiliser un PIBED plutôt qu'un indice, c'est qu'il est facilement et directement compréhensible par les acteurs économiques. D'autre part, il ne dicte pas comment faire, à chaque population d'imaginer la façon de s'y prendre pour être à la fois compatible avec les ressources disponibles et que les richesses créées soient réparties assez équitablement pour que les personnes adhèrent à ce projet social. Globalement, le développement n'a pas, jusqu'ici, été contraint sur le plan énergétique et sur le plan matériaux, ce qui fait qu'on a actuellement une très forte corrélation PIB et empreinte écologique. Toute la question est de savoir si nous sommes capables d'une révolution culturelle et d'une révolution technologique qui nous permettraient de faire converger PIB et PIBED. Les évolutions du marché vont nous y aider. En effet, le prix de l'énergie, en particulier du pétrole (et très bientôt du nucléaire étant donné les faibles réserves en Uranium, donc inutile de rêver voir le nucléaire remplacer le pétrole; les énergies renouvelables de la mer nous donnent une seconde chance, saurons-nous la saisir?), ainsi que le prix des matières vont nous orienter vers plus de frugalité, ce qui ne signifie pas que nous allons retourner à l'âge de pierre. Le mode de vie des américains et le nôtre sont négociables.

Des membres du FMI ont même publié (juin 2015) un rapport pointant l'effet négatif des inégalités sur le développement économique.

Commentaires

  • Pourquoi pas ?

    Mais est-ce à dire que quand je vis tout seul dans un grand désert, j'ai un IDE fort ?
    Manque donc l'Alégrie, dans ton diagramme...

    Y'a-t-il aussi un indice pour Coconuts Island ? Tu sais cet archipel au large de l'Australie, dans l'Océan Indien, qui concentre une activité financière et Internet telle qu'il n'y a pas d'impôt ni de costiations sociales pour un fort bon niveau de vie...
    Une sorte de paradis Monégasque sous les tropiques !

    Et puis une question : pourquoi cet idée que la richesse de ce monde doit être partagée égalitairement ?

    Juste comme ça, à quoi ça te sert d'être très, immensément riche ?
    Tu ne l'emporteras pas dans ta tombe, à ce que je sache...
    Rappelle-toi combien de gagnant au loto finissent quasiment ruiné, tôt ou tard...
    Ils ont dépenser leur fric à faire bosser autrui, qui eux-mêmes en ont proftier pour vivre un peu mieux, à ce que je sache : Tout rien que du PIB brut !

  • L'algérie y est. J'ai estimé que chacun avait droit à la même empreinte écologique. C'est une moyenne, il est évident que si tu habites au nord du Canada, tu vas avoir légitimement besoin de plus d'énergie à cause du climat.
    Quel que soit l'ince qu'on construira, on trouvera des cas particuliers qui seront très bien lotis et d'autres très mal, faut-il pour cela renoncer à passer du PIB à utre chose? Dans l'économie américaine, il est clair que depuis les années 70 je crois (à vérifier la date) il y a un découplage entre PIB et GINI, ce qui signifie que la croissance ne profite plus à tous. Les 10 ou 20% les plus riches le deviennent au détriment des autres 80%.
    Immensément riche, pourquoi faire? En effet. Je ne vois pas ce que tu veux dire par rapport à cette note qui va dans le sens d'une meilleure qualité de croissance plutôt que d'une immensité égoiste et suicidaire.

  • Excuse... je n'avais pas vu !

    Ton commentaire au mien touche à la bonne question...
    Pourquoi s'enrichir, pour quelques-uns seulement, à en saccageant la planète de tous ?

    Je n'avais pas tout compris auparavent... nain du neurone que je peux être parfois !

    Oui, pourquoi ?
    Sinon que la "richesse" du compte en banque, nourrit aussi nbécessairement les autres (à plus ou moins brève ou longue échéance).
    Je le répète, on ne part pas dans sa tombe avec son pognon.
    Donc celui-ci devient celui d'autrui, par la force des choses.

    Et comme je le dis sur un autre commentaire, l'argent n'est qu'un outil, rien de plus qu'un marteau ou un tournevis : la vrai richesse, c'est de savoir s'en servir.

    Sur ce coup-là, Bill Gates me donne réellement à réfléchir : il y a du génie dans ce type là, à n'en pas douter !
    Fallait-il qu'il saccage la planète de tous pour venir soulager la misère de quelques autres ?

    La question reste ouverte...

  • Bill Gates, très spectaculaire. Perso, ça m'ennuie de devoir dire merci à un "grand généreux". Je m'étais posé cette question quand François Pinault avait généreusement dédommagé les nettoyeurs bénévoles des plages après l'ERIKA alors que Total ne faisait aucun geste. Pinault fait des placements symboliques, tout comme Gates. Tout ça me rappelle trop les systèmes féodaux. Je préfère mettre mon énergie dans les institutions, dans les mécanismes de redistribution des richesses, des activités, des sièges politiques etc...Ce n'est pas du tout contradictoire avec le principe de marché (mise en face d'offres et de demandes et ajustement par les acteurs).
    Sur un autre plan, il existe une corrélation entre taux d'incarcération et taux d'inégalité qui me laisse pensif. La corrélation n'est pas complète parce qu'un autre facteur important n'est pas pris en compte: la portance sociale. La portance sociale, c'est la famille, les amis, le clan, la communauté, tous ceux sur qui tu peux compter pour ne pas te laisser tomber en cas de pépin qui te l'apportent. C'est assez évident que plus tu es sociabilisé et moins tu seras contraint à faire des conneries pour t'en sortir.

  • Naturellement, Michel : on ne devient pas bandit de sang-froid, mais parce que le situationnisme appliqué t'y oblige !
    Quoique la "facilité" que cela procure est parfois attractive. Perso j'y songe de temps à autre à devenir voyou.. Je me ferai moins ch... et vivrai mieux.
    Mais je me retiens.

    Quant à savoir si le féodalisme est ou n'est pas de retour à travers les institutions... Mon ami, on parle bien de baronnie de tel ou tel homme politique, voire de fief, on cause de mandarin dans les facs et les hôpitaux.
    En quoi est-ce donc bien différent ?

  • Cet indicateur a le mérite d'être clair, il est effectivement multidimensionnel (économie, social, écologique)...une piste à suivre.

    Ceci dit, la question de la mesure des inégalités de revenus n'est pas non plus exempte de critiques: quels revenus sont pris en compte ?

  • @Christophe. Les revenus pris en compte sont les revenus disponibles, c'est à dire les revenus primaires (salaires, rentes...) ajoutés aux revenus issus de la redistribution (allocations, pensions, sécurité sociale...). J'ai préféré le coefficient GINI des revenus disponibles plutôt que celui des revenus primaires, à charge de chaque pays, de chaque contrat social de trouver son propre équilibre entre revenus primaires et redistributions.

  • Bonjour à tous.
    Michel, je partage ton analyse.
    Mais je souhaiterais remplacer, dans ton schéma de présentation du développement durable, le mot écologie par le mot environnement.
    L'écologie est la science de l'inter-activité des organismes vivants dans l'évolution.
    Si on nomme ce cercle écologie et non environnement, pourquoi ne pas appeler libéralisme le cercle relatif à l'économie et cellule familiale celui relatif à l'aspect humain, qui ne sont qu'un des aspects de l'économie et du facteur humain ?
    Salutations.

  • @Aetius, Bienvenue.
    Pourquoi pas. Toutefois "Ecologique" est un peu moins anthropocentriste qu"environnemental". C'est à dire qu'il centre la question de l'activité humaine vis à vis des équilibres écologiques dans un cadre général et pas seulement dans le cadre d'un homme qui considérerait son milieu comme un environnement. C'est vrai que c'est sur cette base que les fondamentalistes verts américains fondent leur action, "le milieu" devenant le centre de leurs préoccupations et non plus l'humain, alors que nous avons une tradition plutôt humaniste. Je garde "aspect écologique" de l'activité parce que j'utilise "l'empreinte écologique" qui est une donnée disponible et de plus en plus reconnue. J'ai tenu à n'utiliser que des données à la portée d'un néophite en économie comme moi (en cherchant quand même un peu). Si j'avais eu une "empreinte environnementale" j'aurais utilisé environnemental. Il y a quelques années, Luc Ferry, le philosophe ministre avait commis un livre sur les relations entre écologie et politique (Le nouvel ordre écologique) dans lequel il concluait que l'écologie politique ne pouvait avoir d'issue démocratique. C'est tout ce qu'il y a de plus faux, il suffit de lire le très convaincant "qu'est-ce que l'écologie politique" d'Alain Lipietz pour percevoir que la dimension politique de l'écologie est presqu'aussi vieille que l'activité de l'homme.
    http://lipietz.net/spip.php?article212
    Décider de défricher, de cultiver, d'élever des animaux, sont des décisions collectives (donc politiques) qui ont un très lourd impact écologique. Presque toutes les activités humaines ont une dimension écologique (pas nécessairement écocompatible).

  • Nous ne sommes donc pas d'accord sur le nom du cercle. ))
    Mais le sommes nous pour affirmer qu'écologie et libéralisme sont imcompatibles ?

  • Oui, il y a incompatibilité partielle entre libéralisme et écologie. Mais pas plus qu'entre économie planifiée et écologie. L'exemple de l'URSS est édifiant à ce sujet. En fait, le pur libéralisme n'existe pas, nulle part, il n'y a aucun marché aussi libéral soit-il qui ne soit pas doté d'un minimum de régulations qui sont de quatre ordres: 1) les régulations étatiques qui sont les interventions de l'état dans l'activité économique (les USA en font fortement preuve en ce moment, pas besoin de faire un dessin); 2) les régulations règlementaires et qui limitent ce qui est permis. On peut y inclure les règlementations plus ou moins protectionnistes des états vis à vis des autres. 3)les taxes qui influent le jeu. 4)les régulations propres au marché (la main invisible).
    Par exemple, en ce qui concerne l'écologie, on voit qu'il se met en place des bonus-malus, il y a des zônes qui sont protégées, on interdit l'emploi de certains intrans etc...
    On ne peut donc pas dire à l'emporte pièce que l'écologie est incompatible avec le libéralisme, il faut aller plus loin et définir de quel libéralisme il s'agit, c'est à dire de quels régulateurs il est doté. Et puis, parler de libéralisme sans situer le niveau de pratique démocratique me semble insensé. Notre société est devenue une société de défiance dans laquelle un libéralisme sain ne pourra pas progresser tant que le niveau démocratique n'aura pas progressé.

  • Ce qui m'épate en vous lisant, les amis, c'est que jusqu'ici personne n'est venu me dire d'où vient le mot "libéralisme".
    Normalement, il est issu du mot "libéral", qui est lui-même issu du mot "Liberté".
    Liberté économique d'un côté (qui a besoin de réglementation pour survivre, ce qui est curieux, comme d'un "régulateur", qui est lui même généré par le "Libéralisme" à ce qu'en disent les tenants de la notion) et liberté politique de l'autre, celle de dire, de penser, de choisir.
    Mais sans lire ni écrire ni compter, qu'est qu'un choix politique "libre" ?

    "Liberalism" est le terme anglo-saxon qui se traduit en "libéralisme" chez les francophones.
    Et le mot "Liberté" a sont équivalent dans le mot "Free" ou "Freedom".
    Ca n'a donc rien à voir !

    Je dois être né kon, mais pourquoi, ça n'a rien à voir ?
    Qu'est-ce que cela veut-il bien nous cacher ?

  • Cher i2,
    On peut se référer au bouquin du linguiste Alain Rey "A mots découverts", page 138 où il détaille les origines du mot libéralisme qui date du début du 19ème. Libéral est beaucoup plus ancien, dérivé du latin liberalis et utilisé dans arte liberales pour désigner les pratiques des professions dites libérales qui s'opposent à celles des arts (dans le sens des arts et métiers et l'ARTisanat, c'est à dire les arts techniques, mécaniques). Les professions libérales étaient considérées comme étant les seules à être dignes d'un homme libre. Le mot libéral n'est entré en politique qu'au milieu du 18ème (c'est à dire bien après liberales et avant libéralisme). Tout celà se passe en France, mais l'interpénétration du français et de l'anglais est considérable, surtout chez les élites de l'époque. Il nous reste environ 3000 mots absolument communs et une quantité de mots cousins encore bien plus importante. Je ne connais pas l'origine de free, mais c'est très probablement d'origine teutonne (comme l'anglais), comme l'allemand dans lequel libre se dit frei.
    Quand à la discussion sur le sens et les pratiques actuelles du libéralisme politique, tu trouveras tout ce que tu veux sur la toile. A noter que Turgot, copain avec les encyclopédistes, est souvent considéré comme le premier théoricien du libéralisme économique.

  • Merci... mais je savais l'origine latine du mot liberté.

    Turgot bataillait contre les "physiocratiques" qui étaient les tenants de la doctrine économique dominante de l'époque.
    Turgot/necker Dupont de Nemours, ça et "l'autrichienne" qui ne supportait l'un au profit de l'autre et ça eut conduit à la réunion des états généraux qui n'avaient pas été convoqués depuis plus de 70 ans : on connait la suite.

    Il n'empêche, derrière l'épistémologie, à mon sens, se cache un "quiproquo".
    Mais lequel ?
    C'était le sens de ma question.

  • i2, Pour ma part je ne vois pas le quiproquo. Les théories se révèlent être différentes de la pratique, surtout en politique. En lien un assez bon texte, à mon sens, qui pose bien le problème de la démocratie libérale:
    http://www.la-democratie.fr/d_liberale.htm
    Le renforcement démocratique me semble être une des premières conditions pour aller vers plus de libéralisme (c'est pour cela que Toto attache beaucoup d'importance à sa rubrique institutions et qu'il est un peu déçu qu'il ait si peu de commentaires pertinents sur cette partie). Notre démocratie est faible, opaque, corporatiste, étatique, elle manque d'air, il est donc normal que dans ces conditions nous (beaucoup de français dont je fais partie) soyons très sceptiques sur une plus grande libéralisation de l'économie. Je te renvoie une fois de plus sur l'excellent opuscule du CEPREMAP: "La société de défiance" http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS09.pdf

  • J'en suis d'accord.

    Notre démocratie a recréé des "corporatismes" balayés pourtant par la Révolution française (la fameuse abolition des privilèges ayant été la plus significative, tout autant que l'interdiction des associations, des syndicats et autres corporations de métiers).
    Chassés par la porte, ils sont revenus par la fenêtre.

    Très curieusement, à travers les "loges" (d'où leur nom : les francs-maçons, qui ont fait beaucoup pour la Révolution - mais aussi le mouvement indépendantiste Corse par exemple : Paoli et beaucoup d'autres étaient des "frangins" - puisqu'il était interdit de se regrouper, se réunissaient dans des "loges" mises à leur disposition) qui en étaient pourtant à l'origine.

    Plus que ça, de nos jours, ce sont des "technostructures" qui prennent souvent le relais, souvent par simple "formatage des esprits" et cooptation.

    Que peuvent faire contre ça - le libre exercice de la pensée démocratique - n'importe quelles institutions ?
    Aucune réforme ne l'empêchera : Conclusions, Inco, malgré sa bonne volonté, n'offre pas de solutions nouvelles !
    D'où, peut-être, le peu de commentaire

  • i2, tout dépend du degré de pureté démocratique auquel tu aspires. Sur cette question comme sur toutes les questions idéologiques qui cousinnent avec des préoccupations métaphysiques (liberté, égalité...), ma maxime est "le mieux est l'ennemi du bien". D'autre part, toute structure a une tendance à se stabiliser, c'est à dire à être conservatrice. Il m'a semblé détecter que l'histoire des pouvoirs montrait une tendance à occuper ce qu'on appelle le domaine public (ce qui appartient à tous et à personne). Le pouvoir religieux et le pouvoir monarchique se sont disputé la place pendant longtemps. Dans le régime communiste, la bureaucratie a occupé le terrain. Aujourd'hui, les pouvoirs financiers alliés aux médias et aux politiques ont le dessus. Une des ambitions démocratiques, c'est que ce domaine public soit le plus large possible, qu'il soit en quelque sorte sanctuarisé (c'est à dire que personne ne tente de se l'approprier, qu'il soit tabou de se l'approprier), mais pas aseptisé dans le sens d'un aménagement pour que le plus grand nombre participe à la vie de ce domaine public (l'image de l'auberge espagnole me semble bien coller à ce que je veux dire). Le PIBED que je propose ici n'est qu'un petit élément parmi d'autres pour améliorer la situation en pondérant la mesure de la croissance par un facteur d'empreinte écologique et un facteur d'équité. Il y a une synergie d'essence démocratique entre empreinte écologique et équité sociale. Même Jean-Paul FITOUSSI, fervent défenseur de la croissance vient d'écrire un bouquin "Une nouvelle écologie politique" dans lequel il souligne cette synergie (Fitoussi est le coordinateur de la commission Stiglietz/Sen).

  • Je sais bien Michel que tu nous proposes une des voies du futur (probable).
    Je te renvoie à mes critiques antérieures qu'on peut résumer comme suivant :
    - Déjà dans le PIB, on ne mesure pas tout, mais admettons que ce soit le "plus petit dénominateur commun sur lequel on ait réussi à faire un consensus, il n'en reste pas moins vrai qu'il faut l'améliorer (le PPA par exemple)...
    - La croissance en soi ne veut rien dire. Sur le blog de jacques Heurtault, Jean Daumont explique que la sortie de crise viendra de la croissance à deux chiffres de l'Inde et de la Chine.
    Je lui réponds sous le pseudo de "GM" (choisi pour des raisons "historiques") qu'il ne faut pas dékonner : Le PIB des USA c'est 19 fois celui de la Chine (à peu près 700 milliards de Dollars, le millième du montant que le plan Paulson...), 11 fois celui de l'Inde...
    Deux chiffres ici, c'est un pêt de lapin sur une toile cirée ailleurs.

    Alors le PIBED...

    Pour ce qui est de tes remarques sur la démocratie, c'est vrai que l'analyse systémique postule qu'il n'y a système pérenne que quand il y a "intégration", c'est-à-dire survie du système. Et action pour survivre de lui sur son milieu.
    Sans ça, ce n'est pas un système.

    Quant à la pureté de la démocratie, justement, on tombe sur un paradoxe aébsolu.
    Il s'agit de gérer la chose commune, celle qui appartient à tous.
    En droit (c'est une notion très ancienne), ce qui appartient à tous, c'est soit la "res nullius", qui n'appartient à personne, soit à celui qui s'en empare le premier (le droit ancien des navigateurs et des pilleurs d'épave, que tu retrouves jusque dans le Code civil avec la règle de l'article 2279 : En fait de meuble, possession vaut titre !)

    Et c'est bien ce à quoi nous assistons depuis des lustres.
    A nos corps défendant, finalement.

  • Okay !

    Sauf que pour moi, la "main invisible" reste avant tout néfaste et absolument pas bienfaitrice...

    i2,
    Parfois (toujours), tu me désarçonne!
    Les idées du PIBED sont simples: développer l'activité au moindre coût écologique et rechercher un optimum social. Trop d'égalité tue l'activité, l'initiative, la responsabilité (là-dessus je n'ai pas besoin de te convaincre), mais de l'autre côté, trop d'inégalité conduit à des intérêts trop divergents, donc à des prises de décision non démocratiques (tu sembles convaincu de l'automaticité de la main invisible bienfaisante et moi pas). Il me semble que de ce côté les pays du Nord sont assez exemplaires, sans pour autant être parfaits, je les ai donc pris comme repère.

    Mais tu peux faire tes commentaires directement sur les sites.
    Amicalement.
    Michel

    --- En date de : Mer 8.10.08, L'ignoble Infreequentable a écrit :

    De: L'ignoble Infreequentable
    Objet: RE: PIBED, indicateur de richesses équitables et durables
    À: martin.mijo@yahoo.fr
    Date: Mercredi 8 Octobre 2008

    Lu !

    Mais je ne comprends pas tout : Le PIB mesure la "création de valeur". Brute.
    L'erreur des économistes a toujours été de faire des moyennes, des médiannes.
    C'est absurde, mais c'est comme ça.

    Si je comprends bien ton PIBED, il cherche à corriger cela par deux indicateurs écolo et socialo.
    Le premier basé sur la quantité de terre arable ou cultivable "détruit" le ratio dès que la densité diminue ?
    La France mal placée avec 5 hectares par habitant ? Ah bon ?
    Et le japon surclassé alors ? Vachement écolo les japonnais...

    Les inégalités un indicateur de la non-durabilité ? Ou plutôt l'égalité de revenu un indicateur de durabilité ?
    Moi je veux bien, mais ça découle d'une vision idéaliste de ce que devrait être le "correctement social".
    C'est profondément "débile" (excuse le terme peut choquer, mais je n'en ai pas d'autres sur le moment) : imagine que nos gains soient tous réglés sur notre façon de jouer au piano.
    Il y a les béotiens comme moi qui ne savent pas déchiffrer les notes sur une portée et les virtuoses qui enchantent l'âme par leur talent.
    En quoi devraient-ils être "tous égaux" ?
    Staline l'aurait fait que déjà il se serait fait écharpé (avant de devenir le sanguinaire dictateur qu'il fut...

    Peut-être que dans ces conditions nous n'aurions jamais eu le DOS de Bill Gates !
    Aurait-ce été un "progrès" ?
    je ne suis pas bien sûr...
    Je préférerai que tu nous mettes non pas un différentiel d'avec une médianne, mais plutôt une droite "ax - b", "b" étant le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, "ax" la proportion de celles-ci par rapport au revenu médian par exemple.

    Mais bon, de ce que j'en dis...

    De toute façon, le PIBED, si j'ai bien compris reste "fort" dans les ghettos en sur-densité qui fabrique de la haute densité de valeur ajoutée, genre technologie de l'informatique avec empreinte faible...
    L'artiste doit en faire partie.

    Mais ça n'a jamais nourri les foules, rempli les estomacs de la multitude, désaltérer les masses : faut être Jésus et procéder à la multiplication des pains pour y parvenir.
    Or, certain disent qu'il n'a jamais existé, que ce n'est qu'une fable.

    Bien à toi !

  • i2,
    Sur la main invisible, je perçois chez toi une contradiction (ma perception est peut-être fausse, mais il faut que tu m'expliques ta position là-dessus) qui fait que nous avons un dialogue de sourds. Pourrais-tu faire un post sur ton blog sur la position que tu as vis à vis de ce poncif libéral de la main invisible?

    PIB=mesure (maladroite et imparfaite) de la richesse.
    Evolution du PIB=croissance (en accord avec le mythe opérationnel du progrès sur lequel est fondé notre société moderne).
    PIBED=mesure de la richesse (toujours aussi imparfaite) pondérée par un facteur d'empreinte écologique (critiquable et améliorable)et pondéré par un facteur d'équité sociale (discutable).
    Evolution du PIBED=croissance à l'aune d'un facteur écologique et d'un facteur social.
    De mon point de vue la qualité du PIBED est nettement meilleure que celle du PIB pour évaluer la qualité de notre croissance.

  • Un "post" sur la "main invisible" ?
    Je te demande un délai... disons hier ?
    Je plaisante.

    Tout le monde croit que les "choses s'équilibrent" naturellement.

    Ca, c'est depuis qu'on a inventé la comptabilité en partie double : Débit = Crédit.
    Sauf qu'en comptabilité, si l'équation fondamentale est toujours respectée (Actif + Charges + Pertes = Passif + Produits + Profits), d'un côté on additionne des flux (Produits - Charges = Résultat) et de l'autre on solde un patrimoine (Actif - Passif = Résultat).
    Si la balance est juste, le "Résultat" de l'un et de l'autre sont le même (sans ça, tu n'as plus qu'à reprendre l'ensemble de la compta pour la refaire).

    Dans la "vraie vie", il n'y a pas d'équilibre, sans ça il n'y aurait pas de "mouvement".
    Au contraire, les "marchés", le "capitalisme" a besoin de déséquilibres pour vivre : il crée la pénurie ici (aujourd'hui ce sont les liquidités, hier c'étaient les matières premières, etc.) et des d'excédents ailleurs pour qu'il y ait des "mouvements".
    Un peu comme en électricité où il faut créer un différentiel de potentiel pour créer un courant électrique entre deux bornes et délivrer la puissance requise par le montage !

    Je prétends, mais c'est plus intuitif qu'autre chose, que la "main invisible" passe donc d'un état de stabilité à des états de tension et inversement, quasiment en permanence, avec flux et reflux...
    Elle fait du balancier.
    Mais pour démarrer et entretenir le mouvement de balancier, il y a bien "une main invisible" qui lance et relance le mouvement : il n'y a pas de mouvement perpétuel en physique, je ne vois pas pourquoi il y en aurait un en matière économique.

    D'ailleurs, des autorités monétaires mondiales ont justement été créées pour jouer au moins pour partie ce rôle.
    Ce sont les accords de Bretten Wood, ceux du Consensus de Washington, notre propre BCE, le FMI, la FED, la Banque Mondiale et plein d'autres "institutionnels" qui, peut-être inconsciement, règlent plus ou moins le mouvement.

    Dans la crise actuelle, il y a eu un dérèglement que ces mêmes autorités tentent d'enrailler : le mouvement est trop rapide, emballé par la putative confiance qu'on y mettait dedans !
    Tout devait augmenter plus vite, plus haut, plus loin avec les dérivés et autres mécanismes inventés depuis les déréglementations reaganiennes.

    En fait, on est en train de prendre conscience que ces mêmes autorités ont laissé glisser les masses monétaires dans une auto-alimentation folle (au point de ne même plus mesurer les masses monétaires en circulation au moins depuis 2006) et que "la main invisible" s'est emballée.
    Autrement dit, sous la pression des keynésiens, ont a laissé filer (et on continue en créant encore du "papier billet", des lignes de crédits, etc.) l'inflation de la masse monétaire plus vite que la création de valeur (le PIB). Forcément, soit on relance l'inflation, soit on fait péter la bulle à un moment ou à un autre.

    Je crois nettement que "la main invisible" est néfaste.
    Et que nous allons revenir à des politiques monétaristes plus rigoureuses, ce que finalement appellent de leur voeux les post et néo-keynésiens tout en s'en défendant (puisque tous veulent des "politiques de relance", la môme Titine (aubry) par l'investissement, et le père De-la-nuée (maire de la capitale) par la consommation ou inversement, je ne sais plus !)

    Personnellement, mais c'est juste du bon sens, je vois mal une relance avec une économie détraquée : c'est un peu comme si tu enfonçais l'accélérateur de ta voiture partie en dérapage incontrôlée alors qu'elle demande un contre-braquage, frein à main serré pour retrouver un équilibre des moments et reprendre sa trajectoire initiale...

    D'autant pire qu'au moins la Gauloisie est très mal défendu en cas de relance : ça ne fera que calmer les tensions sociales, mais très provisoirement, et alimenter de façon durable la destruction de nos outils industriels.
    Tant qu'on aura pas inventé la "CSMP" (cf. http://infreequentable.over-blog.com/categorie-1256295.html ), c'est toujours et encore et toujours comme si tu refilais du sang neuf sans cotériser l'hémorragie : Une perte de substance qui ne sauve pas le malade !

    Et on attendait de l'élection de 2007 la mise en place de réformes "dures" dans ce sens et on n'a rien eu...
    Haute trahison, que je hurle !

    Mais de ce que j'en hurle ou en pense, finalement, ça n'a pas bien d'importance...

  • Je n'ai pas bien compris l'intérêt de regrouper sous un seul indicateur PIB et empreinte écologique (EE). En effet, il me semble que l'EE est un indicateur dont un certain seuil ne peut être dépassé. Je veux dire par là que, sous l'hypothèse que la biocapacité de la Terre doit être répartie entre tous les humains, aucune communauté n'a le droit d'outrepasser son EE soutenable (EE soutenable unitaire * taille de la communauté). Dépasser cet indicateur est rédhibitoire.

    Et cela indépendamment du PIB qui ne sert à rien d'autres qu'aux politiques aux manettes à montrer que leur politique est bonne, et surtout que celle de son opposant ou voisin ! En quelque sorte, c'est le jeu de celui qui pisse le plus loin sans se soucier de l'état de la pelouse après.

    L'EE est l'indicateur absolu qu'il faut obliger à respecter par toutes les communautés. De la même façon que l'OMC met des amendes à ceux qui ne respectent pas ses règles, il faut une OME qui sanctionne (taux de l'amende à définir) tout dépassement et rémunère tout sous dépassement. Une sorte de généralisation du marché du carbone.

    Pourquoi donc garder le PIB ? A la limite si l'on pense que le PIB a encore une valeur alors doit être pris en compte l'IDH (voire l'IDHI mais dans ce cas il y a redondance dans le PIBED avec le Ci) qui inclut log(PIB/hab).

    Bon, je ne suis pas sûr que j'ai été très clair.

  • Oui, c'est juste que personne ne dépasse la biocapacité, c'est l'objectif. Mais il faut tenir compte de la situation actuelle et procurer une autre boussole que le PIB, partir du PIB et se donner une orientation pour infléchir sa tyrannie qu'on entend encore tous les jours avec les angoisses et l'impératif de croissance (du PIB) qui nous est servie sans relâche. Une nuance, celle de la position géographique. On a quand même plus besoin d'énergie en Norvège qu'au Maroc.
    Mais ici aussi les rapports de force jouent à plein. Qui pourrait dicter aux US de se résoudre à ne pas dépasser la biocapacité?

  • Que le PIB soit un mauvais indicateur est un fait. Cependant tant que nos concitoyens attacheront plus d'importance à leur pouvoir d'achat -(éventuellement aussi à leur état de santé - qu'au reste, seul le PIB ou éventuellement l'IDH, n'aura de l'importance à leurs yeux. Et donc à ceux de nos dirigeants.

    Le jour où nos concitoyens démontreront de l'intérêt pour le développement soutenable, alors naturellement nos dirigeants et leurs conseillers (les "économistes") se tourneront vers l'indicateur EE et chacune de ses composantes. La question n'est pas d'inventer de nouveaux indicateurs, mais de savoir lequel on décide de regarder.

    Le PIBED est un bon indicateur à des fins de comparaisons internationale. Dans cet objectif, son plus par rapport à l'IDHI, encore assez peu usité au profit de son prédécesseur l'IDH, est qu'il prend en effet en compte l'impact sur l'environnement global. En aucun cas il ne saurait devenir une boussole.

    Si j'ai bien tout compris, ni le PIBEB d'un pays, ni la somme de tous les PIBED ne donnent aucune indication sur le plafond à ne pas dépasser. Ou alors il faut absolument lui associer un plafond (évoluant dans le temps durant la période transitoire et tenant compte des spécificité climatiques et autres) pour toujours avoir en ligne de mire le niveau de son overshoot.

    ps : prendre en compte le climat - et autres spécifités géographiques pénalisantes - durant le transitoire, pourquoi pas. Mais à terme, on a pas à restreindre notre empreinte écologique en climat tempéré parce que certains préfèrent vivre dans les pays froids (=> chauffage dans les pays scandinaves) ou dans les pays chauds (=> climatisation sous les cocotiers), sans compenser cette pénalisation sur leur empreinte (en réduisant la taille de leur logement ou en en améliorant leur efficacité énergétique, par exemple).

  • "Si j'ai bien tout compris, ni le PIBEB d'un pays, ni la somme de tous les PIBED ne donnent aucune indication sur le plafond à ne pas dépasser."
    Pas de façon explicite, mais il le contient quand même, puisque l'objectif est de faire converger PIB et PIBED, cad de ne pas dépasser la biocapacité (coef Ce< ou =1) tout écart pourrait donner lieu à sanction internationale ou bonus suivant le signe de l'écart. Enfin l'outil pourrait s'y prêter.

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