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Etat Providence Participatif ou la mutualisation du travail social

 11 millions d'aidants en 2015 et sans doute vers les 17 Millions en 2020, ce qu'ils demandent: (sondage BVA 2015)

  • 52% aimeraient une aide financière ou matérielle
  • 35% aimeraient un aménagement du temps de travail
  • 32% aimeraient des formations
  • 32% aimeraient un soutien psychologique
  • 31% aimeraient une reconnaissance sociale officielle

A très peu près, c'est ce que je propose dans le contrat mixte, tout l'objet de ce blog.

 

La société du soin mutuel est le nom qui a été donné courant 2010 par le PS à un projet de société où une partie du travail social serait assuré par les pouvoirs publics et une partie par chacun de nous. Ce projet correspond dans son essence au projet d'Etat Providence Participatif (EPP), qui consiste pour l'essentiel à organiser la mutualisation du travail social, que je souhaite promouvoir. Pour ceux qui ne perçoivent pas bien qu'il s'agit en premier et essentiellement d'un enjeu d'humanité réciproque, de soin mutuel, et pas d'un enjeu plaintif ou infirmier de prise en charge des "dépendants" par les "normaux", quand bien même sur un plan pratique cette dimenssion de prise en charge et donc de dépendance existe, je conseille très vivement de parcourir le blog d'Alexandre Jollien qui nous apprend à vivre malgré ou grâce à son handicap, ou de découvrir l'expérience remarquable de la Maison des sources de Besançon.

Le nom et les contours exacts de cette famille de projets politiques ne se sont pas encore imposés. Le nom de care importé de l'anglais est très couramment employé et lié aux mouvements féministes. Il ne faut pas sous-estimer cette question de dénomination qui ne trouvera une paix relative et momentanée que quand les mots coîncideront mieux avec les maux qu'ils sont censés désigner. Est-ce que "société hospitalière" serait mieux approprié que care ou soin mutuel? Quand bien même ce sujet concerne l'ensemble des pays dits développés, chaque pays a ses particularités, ses traits culturels et anthropologiques qui justifient une traduction propre à chaque pays de cette notion générale de care. Par exemple, Roger Sue tente depuis longtemps de faire percevoir l'importance du travail bénévole (cf son intervention 2009 à Rennes). Son travail s'inscrit de façon très proche dans la démarche de l'EPP.

Le principal article qui fonde ce projet est celui du contrat mixte. Vis à vis de la domination masculine, il me semble que cette option est nettement plus favorable aux femmes et s'inscrit mieux dans l'histoire en prenant acte que les femmes ne sont plus au foyer mais au travail.

Afin de mieux saisir ce qui me pousse à insister dans ce projet, je me suis appuyé sur l'expérience de François Nicolas qui a lutté efficacement contre le traffic du crack dans son quartier avec un collectif qui aurait pu se réclamer de la philosophie de la société de soin mutuel, plus basé sur la prévention que sur la répression.

Les sapeurs pompiers constituent un exemple de care à la française qui peut nous indiquer un chemin à suivre. La plupart des associations occupent déjà le terrain mais manquent de moyens et de reconnaissance. Le statut de SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif) semble particulièrement bien adapté à la mise en place de l'Etat Providence Participatif, à condition qu'il n'étouffe pas l'initiative.

Notre care à nous peut trouver à s'enraciner dans deux traditions philosophiques différentes que sont la fraternité issue de valeurs chrétiennes, mais pourtant partagées par la franc-maçonnerie et plus près de nous par le solidarisme de Léon Bourgeois. Ces deux racines s'opposent parfois assez violemment bien qu'elles partagent, à mon sens, un socle d'expérience commun qu'on peut trouver dans la pensée de Darwin, plus particulièrement dans le versant le plus souvent occulté de la pensée de Darwin, à savoir la coopération entre les êtres. Ce phénomène de coopération n'est pas proprement humain, puisqu'on peut même l'observer avec les plantes, le cas des accacias en étant un exemple maintenant bien connu. La question et la notion même de la gratuité est un concept clivant entre les tenants de la fraternité chrétienne qui sont pour et les tenants du solidarisme qui n'y croient pas. Je me rattache à cette dernière approche, consolidé dans ma démarche par le travail sociologique et les observations de Bourdieu qui nous a démontré que même les actions en apparence les plus désintéressées trouvaient à se muter en valeur, en bien symbolique. La gratuité s'appuie en général sur une conception, un fond, un ordre religieux sous-jacent qui fait partie de nos vestiges, nous qui avons épousé le progrès masqué derrière l'alibi de la raison. On peut toutefois articuler le concept de gratuité à une prédisposition à la solidarité indissociable de l'humain, élargissant ainsi le cadre possible de la gratuité à l'ensemble de l'humanité, rejoignant ainsi la philosophie profonde d'Oscar Niemeyer qui dit que l'essentiel est de mener une vie décente basée sur la solidarité.

Régis Debray nous invite à revisiter notre devise "Liberté, Egalité, Fraternité" dans son livre "le moment de Fraternité" paru en 2009 et dont voici le quatrième de couverture qui pourrait être une excellente introduction à la société de soin mutuel:

"Liberté, égalité, fraternité : « Les trois marches du perron suprême », disait Victor Hugo. Peut-on encore accéder à la marche d’en haut sans retomber dans la terreur ou bien dans la niaiserie ? Et comment, au royaume morcelé du moi-je, retrouver le sens et la force du nous ? C’est ce défi, peut-être le plus crucial de notre temps, que Régis Debray s’emploie à relever dans ce livre.

Un nous durable faisant toujours référence à une sacralité, séculière ou révélée, il se demande d’abord ce que sacré veut dire, concrètement ; et les droits de l’homme se donnant comme l’expression contemporaine de la solidarité humaine, il ose examiner ce que cette nouvelle religion civile nous fait faire, actuellement.

Ce pénible devoir accompli, Régis Debray dégage les voies d’accès à une fraternité sans phrases, qui puissent en faire autre chose qu’un fumigène : un labeur de chaque jour. Dans la conviction que l’économie seule ne fera jamais une société."

 

Interview de Tim Jackson dans le Télégramme Janvier 2011

Le temps libéré par la réduction du temps de travail peut-il être bénéfique à la société, à l’économie ?

Tim Jackson: Il peut l’être. Mais ce n’est pas automatique. Si vous réduisez le temps de travail, que font les gens ? Est-ce qu’ils sortent faire des courses ? S’ils augmentent leur consommation, la demande , ainsi que la production, augmente. Mais cela a un effet pervers du point de vue environnemental. En clair, il faudrait que ce temps désormais libre soit employé à des activités sociales, communautaire, familiales ou à des loisirs « légers » en carbone et peu matérialistes. Il faut donc avoir des politiques jointes qui, à côté de la réduction du temps de travail, promeuvent ce genre d’activités. Et il faut réformer nos structures existantes. Aujourd’hui, elles sont très fortement tournées vers une consommation matérialiste, vers la recherche de salaires toujours plus hauts, vers la compétition sociale, etc.

Etat Providence, biblio de base.

Le service civique entre dans la logique de l'état providence participatif.

Le congé solidaire aménage quelques facilités d'engagement solidaire pour les employés et rapproche ainsi le domaine productif du domaine social dans une relation de partenariat, sans les confondre. Les domaines concernés sont limités à la solidarité internationale et à l'environnement.

Le projet de congé d'engagement de Hollande de 2012 semble mis sur les rails par NVB (mi-2014). à suivre, mais il sera à nouveau trop partiel à mon sens et à celui de l'état providence participatif, mais c'est un pas dans cette direction.

Jean Gadrey, dans une série d'articles sur les "millions d'emplois" à créer, reprend cette proposition de mutualisation du travail social: On peut créer des millions d'emplois dans une perspective durable.

 

Charte éthique des professionnels de l'accompagnement qui collerait très bien à tous les acteurs de la mutualisation du travail social, qu'ils soient professionnels, volontaires ou bénévoles. Quelques retouches de points très spécifiques aux professionnels seraient peut-être nécessaires.

Est-ce que le territoire (il y en aurait environ 500 en France selon TEM ) serait la bonne échelle politique pour mettre en oeuvre la mutualisation du travail social?

Quelques données statistiques sur le travail social, tel qu'il est (INSEE)

Petite histoire de l'entrepreneuriat social en France par Hugues Sibille.

En 2015, environ 11 Millions d'aidants ont été dénombrés, selon BVA. Une projection en 2020 est donnée à 17 Millions. Alors, est-ce que l'état providence participatif n'est pas en train de se mettre en place de lui-même, mais avec une régulation institutionnelle à la traîne?

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Commentaires

  • Une reprise "colorée" de cette page par mamalilou:
    http://caplibre.over-blog.com/article-soin-mutuel-123719934.html

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