"Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires." L'esprit des lois de Montesquieu. Il y a d'ailleurs un portail émanant de la commission des lois à l'assemblée nationale visant l'objectif de réduire les lois inutiles où vous pouvez vous exprimer. Fonctionne t-il encore? La dernière contribution reçue date du 9 décembre 2008.
Quand Nicolas Sarkozy entend reprendre la main sur la campagne en voulant engager à la va-vite une loi en réaction au drame de Toulouse, il se trompe une fois de plus de régistre et porte atteinte à l'état de droit et affaiblit les institutions. Si je n'en avais d'autres, cette seule raison suffirait à ne pas lui accorder ma confiance.
L'état dispose de deux outils pour conduire son action, un outil législatif et un outil administratif. L'outil législatif qui élabore l'état de droit, les institutions, émet des règles dont le but principal est de prendre acte et d'actualiser le contrat social qui unit l'ensemble de la population, il s'agit d'un outil qui demande du temps, du dialogue et de la réflexion. L'outil administratif est plus propice à la décision. Les préfectures et tous les corps administratifs sont les relais des décisions administratives. Les décisions concernent le temps court.
Blandine Kriegel, dans "l'état de droit ou l'empire" (ou dans "La république et le prince moderne"), expose de façon très convaincante ce qui oppose un mode de gouvernement dont le centre de gravité est l'état de droit à un gouvernement dont le centre de gravité se situe plutôt du côté de la décision. Tous les empires se sont appuyés de préférence sur la peu démocratique décision administrative. Les états de droit ont dû lutter contre ces empires pour faire émerger la démocratie. Les grecs contre les perses vers -500, plus près de nous les Provinces Unies (Pays Bas) contre Philippe II. La France est traversée par les deux tendances qui ont permis l'existence des Napoléons et celle de l'état de droit actuel. Nombre de commentateurs ont bien perçu le caractère Bonapartiste de Nicolas Sarkozy. Toutefois, je crois utile de mettre cette observation en perspective afin de bien comprendre où nous mènent ses penchants naturels vers la décision.
La décision s'appuie sur la panique et la peur. C'est un outil bien connu de tous les volontaristes, des arrivistes et des carriéristes qui exortent à l'action immédiate et qui s'appuient sur un entretien de la peur pour asseoir leur pouvoir. Nul doute que Nicolas Sarkozy fait bien parti de ces guides qui, par précipitation pour emporter le morceau, nous divisent et affaiblissent la démocratie tout en prétendant nous sauver. Les adversaires plus enclins aux valeurs démocratiques seront immenquablement traités de nuls et de mous, face à ces arrivistes sans scrupules capables d'enterrer la démocratie pour des rêves de grandeur, pour des illusions de France forte nous entrainant à coup sûr dans une direction qu'eux-même ne pourront pas maîtriser et qui se réfugieront alors dans la logique des boucs-émissaires (cf les patrons brebis galeuses), les faux-travailleurs, les étrangers, les Roms, l'Europe, la crise...pour expliquer leurs échecs pourtant prévisibles.