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Pourquoi Manuel Valls va malheureusement se planter sur le chômage.

Petite incartade dans l'actu.
La bataille pour l'emploi semble engagée, mais à ne manœuvrer que des leviers faibles, les chances de succès autres que marginal, sont minces, et les risques d'échec continueront probablement à donner du grain à moudre aux populistes. La question serait: comment passer de 10% de chômage à un taux frictionnel (2-4%) et non pas comment passer de 10% à 8% ou 9% qui semble satisfaire nos très maigres ambitions.

Quelles sont nos marges de manœuvre pour résorber le chômage qui ronge l'écologie des places que nous pouvons trouver au sein de notre écosystème social? Elles sont monétaire, budgétaire, fiscale et sociale.
 

  • -Monétaire: nulle du fait de l'Euro sur lequel nous n'avons aucune prise. Toutefois, l'état pourrait développer une monnaie complémentaire dédiée au domaine social comme elle le fait avec les chèques déjeuner. L'action pourrait avoir lieu soit au niveau de l'état, soit au niveau des régions, ou même des bassins de vie (comme par exemple la monnaie complémentaire du bassin de vie de Romans, la Mesure). Ce moyen monétaire se conçoit avantageusement dans le cadre de la mise en place d'un état providence participatif (empowerment). Une autre piste serait de revenir à une monnaie commune pour l'Europe comme l'était l'écu et des monnaies nationales. De très nombreux débats et réflexions ont eu lieu ces dernières années au sujet du Bancor. Ces réflexions pourraient-elles inspirer cette nouvelle monnaie commune pour aboutir à un Eurobancor?
     
  • -Budgétaire: presque nulle du fait des contraintes Européennes.

 

  • -Fiscale: presque nulle tant que le tabou de la TVA de SUBSTITUTION ne sera pas levé. Parce que la TVA de substitution est la clé de simplification qui permettrait de se débarrasser de la plupart des niches et qui ouvrirait la voie à un impôt sur les revenus (tous les revenus) qui puisse véritablement être progressif (les niches minent tout moyen de mettre en place une justice fiscale puisque la complexité bénéficie aux plus nantis, aussi bien les personnes que les entreprises). La TVA peut être un très bon outil de mise en place d'une politique économique, bien meilleur que les niches. Par exemple, si on souhaite favoriser l'économie durable, on ajuste une TVA élevée sur les chaudières à fuel etc... et une TVA très favorable sur les pompes à chaleur ou ce qu'on aura classé comme relevant des biens durables. La TVA de substitution ne devrait avoir qu'un impact limité sur les prix (peut-être même légèrement négatif) puisque ceux-ci intègrent déjà les prélèvements sociaux. Il serait possible d'imposer que tous les allègements soient répercutés sur les prix lors de la mise en place. A noter que Manuel Valls est pour la TVA de substitution, mais je serais agréablement surpris qu'il la mette en place et permette à la gauche de cesser d'être l'idiot utile aux plus nantis. D'autant que l'injustice liée à la TVA peut assez facilement être contrée. Lordon tente de démontrer que les entreprises ne créent pas d'emploi, mais elles font partie d'un écosystème économique plus ou moins dynamique, plus ou moins redistributif d'activité, aboutissant à un équilibre de ses échanges extérieurs plus ou moins favorable à l'emploi. Une simplification des conditions de création et d'entretien des emplois devrait avoir un effet positif sur l'emploi, comme a pu le démontrer l'autoentreprise. A montant équivalent, une contribution (taxes, impôts, cotisation...) qui serait déplacée du travail à la consommation rendrait l'entreprise moins fragile, moins soumise aux aléas de trésorerie, tout en assurant un revenu régulier aux caisses sociales.
     
  • -Sociale: le levier le plus important, en particulier RTT.

Or Manuel Valls a été et demeure un ennemi acharné des 35h. Peut-être devrait-il regarder à nouveau du côté de son ancien mentor Michel Rocard qui fait partie de Nouvelle Donne, avec Pierre Larrouturou (mais un Catalan peut-il s'entendre avec un Basque?), Alain Godard (qui n'est quand même pas le premier venu en ce qui concerne l'entreprise) et bien d'autres. Donc, Manuel Valls se prive d'entrée de jeu du principal atout qu'il a à sa disposition pour résorber le chômage: échec assuré!

Si de plus, ce levier de la RTT était utilisé, non pas pour regarder un peu plus la télé ou jouer au poker en ligne, mais pour développer l'empowerment, c'est à dire l'état providence participatif dans mon langage, il pourrait faire coup double: réduire le chômage et améliorer l'état social (léger gain économique et fort gain social), mais là ce serait sans doute trop lui demander que de se rapprocher de la société du soin mutuel de Martine Aubry. Les sapeurs pompiers pratiquent depuis longtemps l'état providence participatif. Les Babayagas n'ont pas attendu que l'état les prennent par la main pour monter leur structure de "soin mutuel", c'est la marche à suivre, les vieux nous montrent le chemin. On n'a plus à attendre que l'état fasse le jeu à notre place comme c'est le cas avec l'état providence qui n'en peut mais, mais on ne peut se passer de son rôle d'étayage institutionnel et financier (cadre favorable au développement de structures comme celle des Babayagas, de la Maison des sources de Besançon etc). L'état peut aussi jouer un rôle de stimulation, d'essaimage des expériences réussies. Cette proposition a été reprise p.9 dans le cadre d'un rapport 2013 sur la solidarité commandé par le Grand Lyon.

Si on se projette un peu plus loin dans la mutation du travail en cours, mais à la vitesse où vont les choses ce n'est peut-être pas dans si longtemps, on peut envisager de développer des coopératives municipales de production adossées à un revenu garanti et une monnaie locale complémentaire.

La politique de Valls sur le chômage vue par Medhi Litim.

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