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Dialectique matérialiste et intelligence collective

L'intelligence collective s'applique très bien aux abeilles et aux fourmis, un peu moins bien aux collectifs humains, aux groupes humains. Les principales différences entre ces animaux sociaux et les humains résident dans les luttes de pouvoir, y compris dans la manie saugrenue de vouloir "gagner" les conversations, et la propension à prendre ses désirs pour des réalités, qui rendent plus difficiles les échanges et en particulier l'identification et la prise en compte des contradictions avec les objectifs qui se révèlent dans l'action.


Les objectifs eux-mêmes ne sont pas aussi  clairs. La formulation usuelle des contradictions se fait sous forme d'objections qui sont des expressions approximatives, voire fausses, des contradictions. Si ce n'était pas le cas, le matérialisme dialectique, ou plutôt la pratique de la dialectique matérialiste, aurait abouti à la mise en place de processus améliorant l'intelligence collective, alors qu'il a abouti à l'inverse, c'est à dire à un dogmatisme totalitaire. Ce qui est à notre disposition, ce sont les objections, il est donc primordial de veiller à la protection des objections et donc des objecteurs, au travail d'amélioration des objections pour qu'elles se rapprochent au mieux de la mise à jour des contradictions. Les objections sont le minerai de l'intelligence collective. Le vote, identique au traitement majoritaire de sondages, conduit à évacuer une bonne part du travail sur les objections, à ne pas leur reconnaître leur caractère de recherche de mise en évidence des contradictions entre les choix et les objectifs. C'est donc un processus hâtif qui s'oppose en général à un travail d'intelligence collective. On n'y aura recours qu'en dernière extrémité, en fin de procesus pour départager des choix ne soulevant pas d'objection, ou équivalentes à première vue.

D'un point de vue pratique

Dans un premier temps, il faut disposer ou définir un objectif consenti (c'est à dire ne soulevant pas d'objection). Puis travailler les solutions, les actions à mener pour atteindre cet objectif. Pour étayer les objections, on peut s'appuyer sur des expériences, sur des analyses. Pour poursuivre l'expérience et améliorer les premiers choix, il faut pouvoir remettre le sujet sur le tapis et être assez créatif pour élaborer des solutions surmontant les nouvelles contradictions qui n'auront pas été anticipées et qui vont probablement se manifester. Il est aussi possible que cette mise en oeuvre aboutisse à une modification des objectifs qui peuvent se révéler intenables en eux-mêmes, et être à l'origine des contradictions mêmes.

Un point important de méthodologie: favoriser les solutions les plus simples, tant qu'elles n'ont pas révélé les contradictions qu'elles pourraient générer. Les "usines à gaz" sont souvent trop complexes pour démêler ce qui est utile de ce qui ne l'est pas, même en utilisant un processus d'intelligence collective. Pour paraphraser Montesquieu, les règles inutiles nuisent aux règles nécessaires.

Dialogique et limites de la clarté des choix

Edgar Morin a développé une pensée centrée sur la complexité qui peut être caractérisée par une dialogique. Cette notion est importante lors du travail des objections qui peuvent conduire à la mise à jour de la complexité des situations et ne pas en rester à un classement binaire des options. Par exemple, "Vivre de mort et mourir de vie" exprime complémentarité, antagonisme et concurrence qui sont mis en oeuvre et enchevêtrés dans le procesus de la vie.

 

Dialectique et multilogique

Si l'intelligence collective permet d'exploiter au mieux les ressources d'un groupe pour résoudre ses impasses et améliorer sa cohérence, limiter les nœuds paradoxaux, il n'en demeure pas moins que des situations de conflits irréductibles se présentent. On aurait tort de croire que ces conflits ne seraient dus qu'à la rigidité idéologique. Il s'agirait plutôt de conflits naissant de groupes cohérents autour d'une logique, de situations de multilogique. Par exemple, la gauche et la droite sont insolubles dans l'intelligence collective, elles relèvent de logiques contradictoires qui s'affrontent sur la conduite collective à mener. Un chien a beau avoir quatre pattes, il ne peut emprunter deux directions à la fois.

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