Le cul entre deux modèles
Selon Alternatives Economiques N°265 de Janvier 2008, dans un article de Guillaume Duval, la France a le cul entre deux modèles sociaux.
"Il existe fondamentalement deux types de modèles sociaux, qui ont une certaine cohérence interne et permettent, de ce fait, aux pays qui les adoptent de s'en tirer dans la mondialisation. D'une part, il s'agit de sociétés très inégalitaires, comme les sociétés anglo-saxonnes, qui ne s'efforcent pas de corriger ces inégalités à travers des niveaux de prélèvements obligatoires élevés. La fonction principale de l'intervention publique est alors de maintenir en permanence l'activité économique à un niveau tel que le chômage reste faible. Et cela marche, même si les soutiers de l'économie y vivent dans des conditions difficiles. Et puis, on trouve des sociétés nettement plus égalitaires qui, elles, mettent en commun beaucoup de ressources, comme les pays scandinaves. Ce qui leur permet de disposer d'une main-d'oeuvre très qualifiée grâce à une éducation de bonne qualité, d'investir beaucoup dans la recherche, tout en bénéficiant d'une vie sociale stable, sans conflits majeurs. Et cela marche aussi, malgré un coût du travail très élevé.
Enfin, il y a la France, assise entre deux chaises. Elle est beaucoup plus anglo-saxonne qu'elle ne le croit sur le plan de l'inégalité des revenus primaires, mais elle refuse de l'admettre et s'efforce de brancher sur cette base inégalitaire un Etat et une protection sociale de taille scandinave. Sans surprise, cela ne fonctionne pas bien: elle n'obtient au bout du compte ni les avantages en termes de souplesse des sociétés anglo-saxonnes, ni les retombées en termes de cohésion sociale des sociétés scandinaves. En France, les riches se plaignent d'être spoliés mais, compte tenu de l'ampleur des inégalités de départ, l'action publique est bien incapable de les corriger. Du coup, les pauvres sont, eux aussi, légitimement mécontents."
Il faudrait sans doute noter que les pays qui s'en sortent ont aussi un marché du travail très souple, qu'il soit supporté par un système de flexisécurité comme dans les pays du nord ou pas comme dans sociétés dites anglo-saxonnes.
L'état providence participatif dévelopé ici propose une solution à l'impasse dans laquelle nous nous sommes engagés, en rendant la société moins inégalitaire et en rendant l'état providence meilleur marché et plus efficace.
Pourquoi l'état providence participatif permet-il de réduire l'inégalité?: parce qu'il permet aux plus démunis d'accroître leur valeur sur le marché global de l'activité. Dans le domaine social, une heure d'un PDG ne vaut pas plus qu'une heure d'un employé, d'un chômeur de longue durée ou d'un bénéficiaire du RMI.
Pourquoi est-il plus efficace?: parce que pour une part de l'activité de l'état providence, il réduit la lourde mécanique prélèvement/redistribution et la remplace par la couverture directe des besoins en temps passé, en main d'oeuvre sociale. Il est aussi plus efficace parce que plus pertinent dans le sens où il aide à redistribuer le temps et pas seulement l'argent. Il peut être ouvert aux jeunes (peut-être à partir de 14 ans, à débattre), aux retraités qui souhaitent encore participer activement à la vie de la cité.
La société est un lieu qui peut nous rendre plus humain, un lieu ou notre écoute et nos soins peuvent être source de "mise au monde" réciproque, au lieu de la mise à l'écart qu'elle génère si fortement aujourd'hui. Voilà l'essentiel, bien plus essentiel que la richesse matérielle.