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  • Pour un baptême social adossé à un collectif parrain afin d'éradiquer l'exclusion

    Vous me direz que le baptême civil (baptême républicain) existe déjà. En effet, mais sa valeur est voisine de zéro. Ce que je veux promouvoir ici, c'est la mise en place d'une véritable institution, avec des droits et des devoirs inscrits dans la loi. Voilà sans doute le premier élément significatif de structuration institutionnelle du domaine social que j'appelle de mes voeux. C'est ce qui apparaît dans la représentation ci-dessous qui illustre l'individu distribuant son temps de façon ordinaire entre les trois domaines: le domaine social (collectif de parrainage), le domaine affectif (famille) comme c'est déjà le cas et le domaine productif  (l'entreprise)  comme c'est déjà le cas aussi.

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    Pourquoi?

    Pour contribuer à mettre les individus au monde sans pour autant tout de suite les enfermer dans une confession ou une ethnie. Parce qu'il s'agit d'une proposition en complet accord avec le projet général d'état providence participatif dont le but principal est de signifier à chacun de nous au moyen des institutions, aussi bien sur un plan symbolique que sur un plan pratique, qu'il est le bienvenu, que la société le désire, qu'il y a sa place. Il s'agit de faire en sorte que les choix par défaut que sont la tentation communautaire ou multiculturaliste en cours ne prenne pas le dessus sur les valeurs républicaines si chèrement acquises, mais qui demeurent abstraites faute d'institution appropriée à faire une place à chacun.

     

    Comment?

    En créant un collectif de parrains et marraines dont le nombre serait au minimum environ de 3 à 4 personnes et au maximum de quelques dizaines de personnes. Ce collectif serait par essence laïque, ce qui n'exclut en rien que ses membres adhèrent à une confession. Ce collectif s'engagerait à apporter assistance à leur filleuil, aussi bien sur un plan matériel que sur un plan de conseil ou tout autre plan si celui-ci en fait la demande et que cette demande est raisonnable (contours des droits et devoirs à définir).

     

    Il y aurait de très nombreux problèmes pratiques à régler pour qu'une telle institution soit fonctionnelle. Délimiter plus précisément les contours des droits et devoirs. Comment prendre les décisions (Pour une telle structure, je suis favorable à un mode de prise de décisions par consentement en accord avec un principe de responsabilité collective). Comment gérer la pérennité du groupe (départs pour désaccord, décès...).

    Mais l'enjeu est très important si on souhaite recoudre la société et la communauté des citoyens au-delà des divergences confessionnelles ou éthniques, si on souhaite que l'exclusion sous toutes ses formes disparaisse radicalement. L'exclusion signifie l'exact contraire du baptême. Se retrouver exclus, soit à cause de son isolement, soit à cause du chômage, signifie l'inverse de la mise au monde, c'est comme une dé-naissance, comme si on était dé-né (dénié), alors que le baptême signifie l'accueil au monde, la mise au monde symbolique.

     

    Parallèle matériaux - corps social

    Dans son livre "Les objets fragiles" P.G. De Gennes décrit l'utilisation de l'hévéa par les indiens d'Amérique du Sud. Ils s'enduisent les pieds de la sève de l'hévéa, le latex, puis attendent un petit moment. Ils se retrouvent alors possesseurs d'une paire de bottes parfaitement ajustée. Malheureusement, le soir, cette botte se désagrège. Goodyear, sans doute un peu par hasard, mélange du soufre à la sève et obtient un caoutchouc très proche du caoutchouc actuel. La botte pourra tenir très longtemps. Quelle différence y a-t-il entre la première botte naturelle et celle de Goodyear? Dans le premier cas les molécules en forme de spaghettis de la sève de l'hévéa sont pontés par l'oxygène, puis, la réaction se poursuivant sont ensuite rompues, d'où la destruction. Dans le deuxième cas, la liaison avec le soufre est plus faible et ne peut ensuite couper les chaînes macromoléculaires, mais elle est assez forte pour maintenir une bonne cohésion de l'ensemble sans le rigidifier En fait, un atome de carbone sur 200 de la chaîne macromoléculaire a réagi avec le soufre. P.G. De Gennes conclut que "c'est la preuve qu'on peut transformer une matière par des actions extérieures faibles". C'est sa définition centrale de ce qu'il appelle la" matière molle". Le collectif de parrainage, c'est un peu un objet mou au sens de P.G de Gennes. C'est un peu une structure sociale de l’âge du plastique, une structure à liaison faible assurant à la fois la cohésion au corps social et sa souplesse.

    Des parrainages de sans papiers ont déjà été constitués. Mais il s'agit d'initiatives ponctuelles sans véritable soutien institutionnel. Ce projet de baptême social rejoint ces initiatives de parrainages de sans papiers, mais il vise à le banaliser et à le consolider légalement, au même titre que le mariage ou l'entreprise. Retour à Tous les articles

     

  • Nicolas Sarkozy et les lois inutiles

    "Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires." L'esprit des lois de Montesquieu. Il y a d'ailleurs un portail émanant de la commission des lois à l'assemblée nationale visant l'objectif de réduire les lois inutiles où vous pouvez vous exprimer. Fonctionne t-il encore? La dernière contribution reçue date du 9 décembre 2008.

    Quand Nicolas Sarkozy entend reprendre la main sur la campagne en voulant engager à la va-vite une loi en réaction au drame de Toulouse, il se trompe une fois de plus de régistre et porte atteinte à l'état de droit et affaiblit les institutions. Si je n'en avais d'autres, cette seule raison suffirait à ne pas lui accorder ma confiance.

    L'état dispose de deux outils pour conduire son action, un outil législatif et un outil administratif. L'outil législatif qui élabore l'état de droit, les institutions, émet des règles dont le but principal est de prendre acte et d'actualiser le contrat social qui unit l'ensemble de la population, il s'agit d'un outil qui demande du temps, du dialogue et de la réflexion.  L'outil administratif est plus propice à la décision. Les préfectures et tous les corps administratifs sont les relais des décisions administratives. Les décisions concernent le temps court.

    Blandine Kriegel, dans "l'état de droit ou l'empire" (ou dans "La république et le prince moderne"),  expose de façon très convaincante ce qui oppose un mode de gouvernement dont le centre de gravité est l'état de droit à un gouvernement dont le centre de gravité se situe plutôt du côté de la décision. Tous les empires se sont appuyés de préférence sur la peu démocratique décision administrative. Les états de droit ont dû lutter contre ces empires pour faire émerger la démocratie. Les grecs contre les perses vers -500, plus près de nous les Provinces Unies (Pays Bas) contre Philippe II. La France est traversée par les deux tendances qui ont permis l'existence des Napoléons et celle de l'état de droit actuel. Nombre de commentateurs ont bien perçu le caractère Bonapartiste de Nicolas Sarkozy. Toutefois, je crois utile de mettre cette observation en perspective afin de bien comprendre où nous mènent ses penchants naturels vers la décision.

    La décision s'appuie sur la panique et la peur. C'est un outil bien connu de tous les volontaristes, des arrivistes et des carriéristes qui exortent à l'action immédiate et qui s'appuient sur un entretien de la peur pour asseoir leur pouvoir. Nul doute que Nicolas Sarkozy fait bien parti de ces guides qui, par précipitation pour emporter le morceau, nous divisent et affaiblissent la démocratie tout en prétendant nous sauver. Les adversaires plus enclins aux valeurs démocratiques seront immenquablement traités de nuls et de mous, face à ces arrivistes sans scrupules capables d'enterrer la démocratie pour des rêves de grandeur, pour des illusions de France forte nous entrainant à coup sûr dans une direction qu'eux-même ne pourront pas maîtriser et qui se réfugieront alors dans la logique des boucs-émissaires (cf les patrons brebis galeuses), les faux-travailleurs, les étrangers, les Roms, l'Europe, la crise...pour expliquer leurs échecs pourtant prévisibles.

  • Souviens-toi de la Saint Barthélémy, ou le choc des Vérités.

    "Si Dieu existe, qu'il se démerde!"

    Cette opinion choc d'Alexandre Jollien, lui-même croyant, s'adresse t-elle à Dieu, est-elle une offense à Dieu? Non, bien entendu, elle s'adresse à tous les prosélytes, tous ceux qui s'abritent lâchement derrière Dieu et l'instrumentalisent, pour justifier leurs actions, afin d'assouvir leur désir de puissance sur leurs congénères.

    Les Vérités divines sont différentes suivant la religion. Tant qu'elles ne se mêlent que de spiritualité (le pourquoi) et qu'elles ne prétendent pas nous dicter nos choix (le comment), je n'ai rien à dire. Dès qu'elles nous imposent ce que nous devons faire, ce que nous devons manger, comment nous devons nous habiller, alors elles peuvent être tenues pour responsables de beaucoup de violences, puisque les Vérités différentes ne peuvent que s'entrechoquer. Ce n'est pas le choc des civilisations, mais le choc des Vérités que seule la laïcité est en mesure de tempérer. Les Vérités sont au ciel, qu'elles y restent, les responsabilités de nos actes sont ici-bas et elles nous incombent. Par exemple, le jour où les représentants des différentes religions se mettront d'accord pour utiliser des lieux de cultes communs (nous avons un patrimoine considérable d'églises quasi-inoccupées), ils auront fait un grand pas dans la démonstration pratique de la tolérance qui émaille leurs discours et je saluerais ce (sa)geste.

    Un des rôles forts de toute spiritualité est de mettre symboliquement au monde tous les mal-nés. Et d'une certaine façon, aussi talentueux que furent nos parents à nous mettre au monde, à nous délivrer ce OUI dont parle Naouri, ils sont comme nous, imparfaits à y réussir complètement. C'est pourquoi, ne serait-ce que pour cette raison, les spiritualités ont un rôle à jouer. Par exemple, le baptême n'est pas à comprendre comme une décision de l'enfant à faire partie de la communauté des hommes, mais comme une mise au monde, un accueil puissant de la communauté humaine envers le nouveau venu, quel que soit son âge.

    Mais comment pourrions-nous oublier les massacres de la Saint Barthélémy? Comment pourrions-nous ignorer le choc des Vérités quand celles-ci entendent gouverner nos actes, s'ériger en pouvoir politique, c'est à dire du comment? Comment pourrions-nous délaisser ce grand évènement fondateur de notre laïcité? Merci à Aristide Briand pour avoir su promouvoir et convaincre d'adopter la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation DES églises et de l'état, malgré une opposition acharnée du Vatican.

    Amin Maalouf et ses réflexions sur les "identités meurtrières" constitue pour moi une référence sur le chemin des identités cognitives contre les ravages des identités essentielles, qu'elles soient éthniques ou confessionnelles, quand bien même je lui demande de faire encore un petit effort.

    Lequel des candidats au poste suprême pourrait avoir le courage, en ces moments douloureux, de rappeler aux guides religieux autoproclamés (dans le sens où Dieu n'y est pour rien) toute la violence que recèle le choc inévitable des Vérités et toute la sagesse si chèrement acquise contenue dans cette loi d'Aristide Briand?

    Un poème d'Abul Ala Al Ma'ari:

    La vérité est soleil recouvert de ténèbres -
    Elle n'a pas d'aube dans les yeux des humains.

    La raison, pour le genre humain
    Est un spectre qui passe son chemin.

    Foi, incroyance, rumeurs colportées,
    Coran, Torah, Évangile
    Prescrivant leurs lois ...
    À toute génération ses mensonges
    Que l’on s’empresse de croire et consigner.
    Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
    En suivant la vérité ?

    Deux sortes de gens sur la terre :
    Ceux qui ont la raison sans religion,
    Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.

    Tous les hommes se hâtent vers la décomposition,
    Toutes les religions se valent dans l'égarement.

    Si on me demande quelle est ma doctrine,
    Elle est claire :
    Ne suis-je pas, comme les autres,
    Un imbécile ?

     

    Un dialogue entre l'agnostique Philippe Corcuff et le croyant Haoues Seniguer:

    https://oumma.com/spiritualite-debat-entre-agnostique-musulman/

    https://oumma.com/explorer-le-spirituel-en-contexte-djihadiste-et-islamophobe/

    Corcuff cite "Protagoras. Sophiste, caricaturé par Platon, il a souvent mauvaise presse chez ceux qui en ont entendu parler. Pourtant, à la différence du partisan du « philosophe-roi », Platon, il était un défenseur de la démocratie. Dans son texte Sur les dieux, il avance en précurseur d’un agnosticisme pétillant d’ironie : « Touchant les dieux, je ne suis pas en mesure de savoir ni s’ils existent, ni s’ils n’existent pas, pas plus que ce qu’ils sont dans leur aspect. Trop de choses nous empêchent de le savoir : leur invisibilité et la brièveté de la vie humaine. »"