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Génétique culturelle ou valeurs sous-jacentes

Article très exploratoire, voire provocatoire! Je provoque ma réflexion et la vôtre (et j'espère vos commentaires) dans cet article qui dépasse de loin mes compétences. Mais si un blog ne peut pas servir à ce genre d'exercice, l'intérêt d'en faire un serait pour moi très limité.

 

Toute organisation biologique génère ses propres adaptations. La différence entre un système asservi simple et un système cybernétique ou autonome, c'est que le système asservi reçoit une consigne de l'extérieur, alors que le système cybernétique génère ses propres consignes ou commandes ou décisions. Tous les organismes vivants sont cybernétiques, et on peut même étendre la notion aux groupes sociaux. On peut objecter que dans certains cas, une personne peut être esclave d'une autre, c'est à dire qu'elle reçoit ses consignes d'une autre personne, d'un maître. On ne parlera pas de ce cas de figure qui renvoie à une combinaison de système asservi et de système autonome.

Dans le cas de systèmes autonomes, les consignes sont le fruit de multiples ajustements issus de l'observation de consignes ultérieures et de l'évaluation de leurs effets. Le système régule selon des objectifs. Au bout d'un moment, un certain nombre de routines sont mémorisées. Ces routines correspondent à des consignes expérimentées de nombreuses fois et validées. l'homéostasie qui est la capacité d'un système à garder sa stabilité se servira de ces routines. Les routines s'appuient elles mêmes sur des valeurs ou structures élémentaires qui pourraient être assimilées à un génome culturel formant le socle des convictions les plus profondes. Ce socle peut être très efficace et efficient si les valeurs ont pu être confrontées et mises au point lors de nombreux cycles. Elles peuvent être moins efficientes ou pas efficientes du tout quand elles portent sur des sujets moins maîtrisés. Elles sont alors à la base de ce qu'on peut appeler les idées reçues. Une nouvelle situation sera à la source de nouvelles valeurs (processus de Morphogénie) ou simplement d'un léger ajustement suivant les cas. Tout système autonome peut générer un ensemble de valeurs dont certaines lui seront nuisibles à son insu, c'est ce qu'on nomme les noeuds paradoxaux auxquels le système est capable de générer des adaptations qui font que l'ensemble fonctionne quand même, comme s'il subissait une perturbation quelconque, alors qu'il s'agit d'une autoperturbation. La confiance dans ses valeurs constitue une garantie de stabilité à un système, mais aussi une possible difficulté à évoluer quand on veut s'attaquer à ses noeuds paradoxaux. C'est bien connu de tous ceux qui souhaitent faire évoluer leur comportement, par exemple pour essayer de maigrir ou arrêter de fumer. Des résistances au changement inattendues ne manquent pas de se manifester.

On peut transposer ces connaissances décrites ici de façon très succinte au domaine du fonctionnement de n'importe quel groupe, que ce soit une entreprise, une association, un état etc... Par exemple, si on s'intéresse au cas de notre système démocratique par représentation, les professionnels de la politique vont générer un champ politique, c'est à dire un milieu particulier régulant sur ses propres expériences et générant ses propres valeurs plus ou moins déconnectées du collectif qu'ils sont censés représenter. Par exemple, le fait de devoir se frotter régulièrement à des élections développe logiquement des valeurs électoralistes puisqu'elles sont vitales pour leur carrière. Le génome culturel, les valeurs, sont donc fortement marquées par les finalités concrètes du groupe qui les génère. Les manifestations de ces valeurs peuvent être difficiles à décoder si on s'en tient aux principes affirmés et revendiqués par le groupe. Des mécanismes de dissimulation des valeurs peuvent se manifester, en particulier en ce qui concerne la structure réelle du pouvoir (cf tout le travail de décodage de ces structures et rituels de pouvoir par Pierre Bourdieu, ou ceux de Levi-Strauss). C'est un travail d'anthropologue que celui de décoder le génotype culturel caché et ses liens avec les nécessités et les objectifs dont il est issu, à partir des données observables, à partir du phénotype observable. Chaque élément culturel pris séparément n'a aucun sens, l'ensemble du génotype fait système, c'est à dire que les relations entre les éléments sont aussi importantes que les éléments (Les analystes informaticiens sont très familiarisés à ces notions d'entités et de relations qu'ils utilisent pour modéliser les systèmes). C'est une des raisons de l'homéostasie d'un système donné. 

Dans une société moderne où nos activités se distribuent sur de multiples groupes (entreprise, famille, association...), nous apprenons à fonctionner avec les codes culturels relatifs à ces divers groupes. Rien ne s'oppose à ce que nous ayons des relations quasi-communautaires dans un groupe et des relations très démocratiques dans un autre. C'est la preuve qu'il ne s'agit pas d'identité essentielles, mais plutôt d'identités cognitives, un peu à la façon dont nous pouvons passer d'une langue à une autre, d'un système de codes à un autre. Les anciennes catégories communautaires ou culturelles identifiant les individus à leur culture sont ainsi facilement disqualifiées.

 

 

Commentaires

  • Tout ce que vous dites est interessant (le monde comme structure dissipative, avec apparition de structure chaotiques liées à des brisures de symétrie, etc;..), mais il y a trop d'amalgames (l'homéostasie, la génétique sont des concept ou des disciplines mortes).
    Une perte du sens des chose me semble en découler, de cet analyse, je pourrai pousser le bouchon et dire que c'est leur but, mais je l'ignore et ne chercherais pas à le vérifier.

    Dans toute extension de concepts scientifiques ou mathématiques, il faut actuellement reconnaitre qu'ils sont faux, trompeurs, et n'obéissent qu'à une seule régle : l'instrumentalisation.

    Une formalisation plus simple de votre billet, et de l'instrumentalisation mathématique/scientifique contemporaine est faite dans le conte du "Ratzinger" :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Joueur_de_flûte_de_Hamelin

  • Cornil,
    Le conte du joueur de fluteau illustre bien la mise en ooeuvre de principes d'équilibre dans un système, l'activité des niveaux cachés, l'expression codée qui sourd quand l'expression simple ne peut se faire entendre (ce qui arrive donc toujours à un moment où l'autre, de même que nos rêves participent à ce travail sur un plan individuel). Par contre, il n'illustre pas comment les éléments d'une culture pourraient se mettre en place, il ne propose pas de génèse comme je tente de le faire ici en m'appuyant sur quelques notions propres aux systèmes biologiques, il prévient seulement qu'il peut être très couteux de ne pas tenir compte des équilibres.

    Les modèles mathématiques ou scientifiques ne sont pas faux, on peut les utiliser efficacement pour faire des objets et comprendre des mécanismes, y compris vivants, mais ils sont incomplets et approximatifs, comme toute expression. La situation de nos modèles est d'être inclus dans le réel et non l'inverse (cf Magritte par exemple).Peut-être est-ce un message subliminal de notre société nous suggérant que nos modèles contrôlent le réel, et auquel vous seriez sensible, qui vous ferait dire qu'ils nous trompent?

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