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La domination, pour quoi faire?

L'épineuse question de la domination sociale est souvent un sujet qui fâche, surtout à gauche, alors parlons-en.

Est-ce que la domination peut avoir des aspects positifs? Est-il inévitable qu'un groupe humain, quel qu'il soit, soit le siège de dominations ou bien une société sans hiérarchie est-elle possible? Y a t'il plusieurs types de dominations, des dominations animales et des dominations raisonnables?

Je ne vais pas militer ici pour justifier et promouvoir la domination qu'on trouve chez les baboins, quand bien même on pourrait observer, en de très nombreuses circonstances dans les groupes humains, des phénomènes de domination très voisins de ceux qu'on peut observer chez les baboins. Il me semble que l'efficacité d'un groupe humain soit en partie liée à ses capacités de mobilisation. Dans quelle direction aller et comment coordonner l'action? Voilà un impératif que tout groupe doit gérer. Bien entendu, le degré d'urgence à agir aura une forte influence sur la structuration des dominations qui se mettront en place. Par exemple, un groupe militaire ou un groupe de pompiers aura besoin d'une réactivité très élevée et il n'est donc pas étonnant d'y trouver une structuration hiérarchique solide dite militaire. Par contre un groupe de randonneur n'a pas besoin d'une telle hiérarchie pour bien fonctionner et on y trouvera de fait une hiérarchisation faible, tous les membres n'étant toutefois pas égaux quand il s'agit de prendre une décision.

En principe, la sélection des dominants, des chefs, devrait se faire sur des critères d'efficacité, d'aptitude à prendre les bonnes décisions et à les faire appliquer. D'autre part, le chef ne devrait pas abuser de sa position dominante pour en tirer des avantages dépassant ses attributions fonctionnelles. En bref, il ne devrait pas se comporter comme un baboin charismatique ou brutal une fois son service terminé. C'est pourtant ce qui arrive bien souvent et c'est pour cette raison qu'on devrait par précaution et par dérision appeler Papa, Maman ou Dieu tout dominant afin de lui rappeler qu'il ne doit pas abuser de la position que le groupe a bien voulu lui confier.

Plutôt que de vivre dans l'illusion d'un monde sans domination, c'est à dire se condamner à l'immobilisme ou accoucher de formes de domination d'autant plus féroces qu'elles seront déniées, la gauche devrait plutôt se demander comment cantonner la domination aux besoins légitimes de choisir de tout groupe. La mouvance autogestionnaire ne prend pas assez au sérieux cette nécesité de décider. 1848 marque un premier échec de cette mouvance, ainsi que le relate Jorion, et les années 1980 un second échec, toujours sans en tirer les conséquences.

Un peu de biblio pour les courageux: Pierre BOURDIEU "Questions de sociologie" (entretiens assez faciles d'accès, et tout ce qu'il a écrit par ailleurs) . Vincent de GAULEJAC : "La lutte des places" (si vous le trouvez, le thème central est plutôt la pénurie de places et la difficile lutte des sans grade pour trouver simplement une place, ne pas se retrouver exclus). Très beau témoignage d'Alexandre le "Castoriadien" qui se cherche encore un peu. L'autre rive, que je ne vous invite pas à rejoindre, est fonctionnaliste, seulement tournée vers l'efficacité au service des "maîtres", comme ce que nous propose François Dupuy, un spécialiste du management des organisation sans vue politique, mais doté d'une certaine expérience pratique.

Petit tour avec Pierre Bourdieu:

Pierre Bourdieu a développé ses théories sociologiques des "champs" associées à une  "économie des biens symboliques" dans les années 60-70. Un champ est un domaine qui développe et conserve des connaissances et des pratiques particulières (champ philosophique, sociologique, économique, mais aussi le champ de la mode, du sport etc..), qui possède un langage spécifique, des comportements spécifiques révélés dans la gestuelle (habitus) et qui surtout est le siège de rapports de domination. Chacun des acteurs d'un champ a tendance à accroître son "capital symbolique" qui lui donne son rang dans ce champ (c'est une tendance, mais il existe de nombreuses autolimitations liées à diverses raisons, conscience de ses limites, ambition limitée...). Ce capital symbolique peut ensuite être monnayé et ce qui peut en premier apparaître et être vécu comme pur désintéressement fini souvent par être converti en capital symbolique et enfin en position et en espèces sonnantes.

Les analyses des champs de Bourdieu ont toujours suscité beaucoup de réactions de la part des acteurs des champs qu'il entendait décrire. Il n'y a rien d'étonnant à cela parce que sa méthode met crument à nu les mécanismes de la domination. Bourdieu lui-même ne se plaçait pas en dehors de ce jeu, mais il entendait réduire la part d'arbitraire, la part d'arrivisme et d'illégitimité dont cette « lutte des places » est le siège.

Les champs sont un peu comme les groupes sociaux, mais il s'agit de groupes de spécialités, centrés sur une activité et non pas comme les anciens groupes sociaux non différenciés. Une entreprise est le siège de comportements très semblables à ceux décrits par Bourdieu dans ses champs. Je vois dans ces champs le développement d'une caractéristique humaine universelle, celle d'être un être social plastique. Cette caractéristique s'exprime spontanément dès le plus jeune âge. Il suffit de se souvenir ou d'observer les comportements dans une cour de récréation. Des groupes se forment, des frontières plus ou moins poreuses et mouvantes se forment, les dominations se mettent en place et sont sujettes à des luttes. Tout ce que décrit Bourdieu peut y être observé. Chaque individu conserve sa capacité à adhérer à de nouveaux groupes toute sa vie, et aussi à rompre, à faire le deuil d'anciens groupes, ce qui fait que nos identités sont multiples et complexes (être social plastique). Les autres espèces sociales ont une capacité voisine à adhérer à un groupe appelée empreinte, mais à la différence de l'homme, cette capacité est très peu plastique et ne se manifeste qu'une fois. On parle beaucoup de Camus en ce moment et du fait qu'il ait été considéré comme traitre par les deux camps alors qu'il était en proie à un conflit identitaire insoluble sauf à mourir à une de ses identités.

Les champs ne sont donc pas figés ni isolés du reste du monde, mais ils sont le siège de mécanismes de stabilisation comme le sont tous les groupes. Le paroxysme de ces mécanismes de stabilisation est observé dans les groupes ethniques ou mieux dans les groupes religieux qui n'ont pas intégré la laïcité. Les champs de spécialités, bien que repérables, sont tout de même assez souples du fait qu'ils ne mettent pas en jeu l'existence entière des acteurs.

Parmi les personnes qui ont à la fois réussi à obtenir une haute reconnaissance dans leur champ et une grande popularité, je retiens particulièrement Hubert Reeves. Il a choisi pour quelques uns de ses livres une structure très particulière et, à mes yeux, très intéressante. Le texte peut se lire de différentes façons suivant son niveau de maîtrise technique. Chaque paragraphe est coté selon trois niveaux en empruntant le langage du ski, piste noire pour les passages difficiles niveau mécanique quantique, piste rouge pour les passages plus faciles et enfin piste verte pour les passages pouvant être lus par un très large public. On peut tout lire, ou bien sauter les passages pistes noire ou bien sauter les passages piste noire et les passages piste rouge.

Pierre Bourdieu était un bon observateur des champs et en même temps un acteur du champ sociologique. Il se plaignait de l'intrusion permanente d'acteurs incompétents appartenant au champ des médias dans les champs de spécialités dont la sienne (cf son livre sur la télévision et ses démêlées avec quelques papes des médias -Guillaume Durand et Daniel Schneidermann). Il me semble que la stratégie d'Hubert Reeves prévient assez bien ce problème de perturbation des activités spécialisées par les médias et aujourd'hui par toute la blogosphère et les forums, tout en assurant un lien nécessaire et légitime entre les champs spécialisés et le reste de la société. C'est que tout le monde ne peut pas avoir un accès direct aux subtilités des notions et des concepts qui sont en jeu dans le débat spécialisé d'un champ. On peut même constater que les plus grands spécialistes n'arrivent pas à tomber d'accord, pour des raisons techniques, mais aussi pour des motivations de "distinction". C'est là que les mécanismes de groupe deviennent pertinents. La confiance prend rapidement le relais de la compréhension et de l'analyse, de la raison. Voilà comment nous opérons nos choix collectifs.

Commentaires

  • « Y-a-t'il plusieurs types de dominations (…) des dominations raisonnables ? »
    Ça dépend, pour l’essentiel, de la « situation ».
    Il y en a qui font consensus, d’autres non.
    Dès lors, ces dernières se dissipent, se dissolvent au profit de nouvelles, plus ou moins rapidement.
    C'est un constat de pur fait.

  • Puisque tu y fais référence, tu sais sans doute que les situationnistes avaient à l'époque de Debord occupé une péniche et qu'ils appelaient Dieu le gars qu'ils avaient chargé de la logistique. Pas moyen de remettre la main sur cette histoire.

  • Oui, j'en avais déjà entendu parlé.
    Mais je te rappelle qu'il s'agit de l'Internationale situationniste, descendant tout droit de l'anarcho-syndicalisme qui a fleuri sur le dévoiement de Utopia...

    Le "nouveau situationnisme" encore à créer d'un point de vue théorique, part seulement du constat.
    Et je trouve que, autant les organisations pyramidales fortes (style l'armée) que les grandes entreprises, manient très bien à leur profit le situationnisme.

    Le futur champ de tes recherches ?

  • Michel,

    J'adhère à tes propos, c'est en partie ce que je développais dans le lien que je te joins... et puis j'ai tellement eu à gérer d'entreprises soi-disant autogérées qui recelaient en leur sain des pouvoirs occultes d'un ou quelques individus, qui étaient en réalité les seuls à décider, que je ne me fais plus beaucoup d'illusion sur la capacité des humains à vivre en dehors des schémas de domination...
    Reste à savoir comment se détermine la position hiérarchique, la légitimité d'une domination et là, ça devient vraiment pas simple... Pour les entreprises, j'avais développé un modèle que j'ai d'ailleurs abondamment développé dans mon mémoire d'expertise comptable... Mais, rapporté à la société toute entière, ça devient beaucoup plus compliqué parce que se jouent entre les individus des scénarios affectifs et fantasmatiques qui brouillent les compréhensions.
    Par exemple, je ne m'explique pas encore comment un type comme Sarkosy, si fade, avec si peu intelligent et tant de problèmes personnels, a pu être élu Président et serait encore réélu s'il y avait une élection aujourd'hui... De même, c'est assez étonnant de constater que ce ne sont pas les "meilleurs" (dans le sens les plus compétents pour les taches à accomplir) qui dirigent, mais bien ceux qui le veulent le plus, c'est à dire les plus manipulateurs... Étonnant comme la sélection naturelle des humains répond assez peu en fait aux critères que l'on retrouve dans la nature... ça c'est une vraie question...

  • Toto,
    On peut tenter une lecture de l'histoire à partir de la question de la domination. C'est un moyen de se caler sur une échelle de temps qui peut calmer notre impatience à voir plus de démocratie entrer dans les pratiques. A grands traits et sans remonter au déluge, la domination avant la révolution est instituée dans le sang bleu. La révolution marque le début de l'utopie d'une société sans domination (société sans classes, autogestion égalitaire...). Cette utopie est encore vivace au sein d'une partie de la gauche, c'est un spectre qui hante encore la gauche (pour paraphraser l'ami Karl). La droite qui est héritière de l'ancien régime ne s'est jamais fourvoyée dans cette utopie, par contre elle conserve quelques tropismes babouinesques. La gauche ne pourra se reconstruire solidement que quand elle aura abandonné clairement cette utopie qui la ronge mais qu'elle saura affirmer une démarche démocratique assumée ne reniant pas le bien fondé et la légitimité des hiérarchies comme élément indispensable à la vie de tout groupe. Nous avons aujourd'hui tous les moyens et toutes les connaissances pour que ce savoir faire diffuse dans notre culture (populaire, pas celle avec un grand Q). C'est là que nous pouvons porter nos efforts, on n'a pas le droit de se décourager. Mais ça va prendre du temps comme l'attestent les évolutions passées.
    Cette petite note met en avant de façon simple un élément objectif de justification de la hiérarchie et de sa puissance en fonction du besoin de mobilité, il y en a sans doute d'autres (comme par exemple la gestion des conflits).
    L'énergie est un des éléments à prendre en compte, au même titre que la compétence pour la sélection des dominants. Sans l'énergie, les prises de décisions ne se font pas. Sans un développement d'une culture du genre "la domination pour les nuls", pas de doute que les malins sans scrupules qui sauront faire peur à tout le monde domineront la situation.

  • C'est marrant cette façon de voir la "hierarchologie" à travers des "positions dominantes/dominées.
    Dans la vie de tous les jours, OUI, vous avez sans doute raison.

    Dans les entreprises aussi, à bien des égards. C'est justement un des traits des entreprises défaillantes quand tout revient à un seul.

    Perso, dans celles que je dirige de temps-à-autre, parce que je sais que mon mandat est de 6 mois, 12 ou 18 grand maximum (à quelques exceptions près, mais ce sont là "mes choses à moi"), jamais au grand jamais je suis autocrate : j'ai des CA autour de moi, avec qui je fais le point au moins une fois par mois et on y prend des vraies décisions,
    Qui sont "fabriquées" en "Codir" (réunion au moins hebdomadaire, courte de préférence) et façonnée et testées préalablement en "Copil" (de redressement) par les services, puis de nouveau discutées en CE et/ou avec les délégués du personnel.

    Mon rôle consiste à impulser, à arbitrer, à consensualiser, à diriger aussi, à prévoir, à simuler, à informer, à vérifier les infos, mais je ne prends jamais une décision tout seul dans ma tour d'ivoire, sans en avoir parlé et prémâché avant.
    Ce n'est même pas envisageable !
    Et pourtant, "chuis chef", dominant a priori.

    Et flûte, on a à peu près la même chose dans nos institutions, quoiqu'on en dise.

    La perversion me semble venir d'ailleurs. Je m'en expliquerai plus tard, quand les choses deviendront un peu plus claire dans ma pauvre petite tête...
    Pour le moment, je ne fais que constater les choses : toutes les décisions, les "réformes" que l'on voit naître au fil des jours, il me semble qu'elles sont préparées très en avant, très très en amont, peut-être même encore aujourd'hui encore avant l'élection de 2007.
    Préparées par qui ?
    Parce qu'en plus, c'est tellement "pointu", presque du "parfait" sur le plan technique pur, que je ne vois pas en effet, comme Inco, un seul homme, voire une petite équipe de plusieurs milliers de spécialistes (et lesquels, mon Dieu ? Je les connais presque tous dans mes milieux), parvenir à founir un tel boulot d'une si haute précision.

    C'en est étonnant à plus d'un titre et ... "embrouille", pour le moment, mon unique neurone !

  • i2,
    Par quel bout commencer? C'est toujours ce que je me dis quand je veux débattre avec toi. Je relève une confusion: la domination ne signifie pas que tout le pouvoir de décision soit dans les mains d'un autocrate contrairement à ce que tu sembles présupposer. En bref, tu peux être chef et faire participer divers membres du groupe que tu diriges à l'élaboration des décisions, même si au final un seul prend la décision. Imagines que tu tournes mal et que tu deviennes un autocrate brutal, est-ce que les membres des groupes que tu diriges auraient les moyens, la connaissance et le savoir faire pour te recadrer, pour limiter tes abus de pouvoir? Ou bien est-ce que tu vas te retrouver avec une petite cour qui va t'encourager dans tes pratiques abusives et en profiter? D'un autre côté, et c'est le côté positif (que je souhaite voir la gauche intégrer), c'est la notion d'entrave à la prise de décision, c'est intégrer que la prise de décision est vitale pour un groupe et qu'elle n'est pas automatiquement abusive.

    Pour les réformes politiques dont tu parles, qu'elles aient été réfléchies et planifiées à l'avance est possible, au moins en partie, elles sont ensuite ressorties au moment choisi. Ce qui serait intéressant dans ce cas, c'est de saisir ce qui est recherché comme effet global, quel est le plan d'ensemble (en dehors d'un projet de destruction planifié!). J'avais noté que l'OCDE était un organisme capable de fournir des projets pilotés par l'intérêt de multinationales inimaginables (20 000 pages pour l'AMI), l'OMC n'est pas de reste (Plusieurs milliers de pages pour l'AGCS). Sans doute d'autres organisations internationales sont aussi capables de faire ça.

  • Je te réponds : Si je veux, je peux.
    J'entends, si je veux devenir un autocrate, y'a pas de problème : il faudra des années pour me déboulonner.
    Mais je tue aussi mon fond de commerce et me niant moi-même et les causes qui m'ont fait arriver au bout des mandats qu'on me confie.

    Et puis comme ce n'est pas dans ma nature, j'encourage plutôt la critique, et même à me faire "démolir" si c'est nécessaire (je viens encore de le refaire cet après-midi en codir, mais c'est lourd, tu sais...)
    Ce qui me permet d'écouter et d'essayer de comprendre.
    D'autant mieux que les gens doivent se prendre en main : ce n'est plus "mon" projet, ça devient le leur et je suis sûr qu'ils le mèneront à bien, bien mieux que moi parce que eux sont compétents dans leur métier, moi j'ignore presque comment ils font pour accomplir leur tâche.

    C'est aussi vrai que l'impression de "dominer", par la prise de décision par exemple, n'est pas la domination : j'ai lu comme toi les meilleurs auteurs sur le sujet.
    Et parfois je reste dubitatif, même quand tout n'est pas faux, bien sûr, loin de là.
    Le meilleur reste encore Voltaire et son "despote éclairé".
    Mais on a heureusement évolué depuis : il n'est plus question de despotisme.

    La vraie "domination", ça reste l'humiliation d'autrui... quelle qu'en soit la raison ou la cause.
    Et c'est scandaleux : nous sommes tous égaux à respirer le même air, figure toi. Même un mongol trisomique, il ne me viendrait jamais à l'idée de l'humilier.

    Le reste, ce sont des mécanismes sociaux plus ou moins déterminés par les situations rencontrées, c'est tout.

  • i2,
    j'ai pourtant bien pris soin de définir de quoi je parlais, mais tu ne lis pas. Tu me parles de "vraie domination", ce qui ferme toute discussion. Donc relis tranquilement le billet initial, et pas en diagonale, c'est court exprès.

  • Bé je te réponds "de travers" là : http://infreequentable.over-blog.com/article-digression-metaphysique-encore-un-sujet-qui-fache--43230397-comments.html#c

  • Bonjour,

    Vous parlez de domination sauvage ?

    Il ne serait peut-être pas inutile de répondre au préalable à votre question "comment cantonner la domination aux besoins légitimes de choisir de tout groupe." avant de faire sauter la BCE et le système bancaire privé. Et l'Euro avec du coup...

    Donc voici la prose que j'avais produite à votre intention: SWIFT ?

    "C'est un système de transmission de monnaie électronique mondialisé utilisé pour effectuer les paiements dit de "gros montant".

    Ces transmissions effectuées via SWIFT présentent la particularité d'être libératoires juridiquement et définitives.

    Passer un ordre de virement de son compte central via SWIFT vers le compte d'un autre usager est l'équivalent de lui donner un billet de banque centrale de main à main pour réaliser un paiement. C'est un véritable paiement en véritable monnaie électronique libératoire.

    Par exemple si votre banquier inscrit par erreur une opération sur votre compte il à tout loisir de la rectifier en s'excusant. Cela n'est pas possible avec SWIFT puisque l'inscription d'une opération s'effectue entre deux comptes et correspond à un transfert de fonds irrévocable.

    Cette différence entre un compte privé de dette/créance entre une banque et son client et un compte géré en banque centrale en monnaie centrale publique libératoire n'est pourtant pas si difficile à comprendre.
    Pourquoi cela représente-t-il un obstacle infranchissable à certains ?

    Selon moi, et je ne prêche là pour aucune chapelle, Il n'est pas possible d'assimiler une écriture libellée en devise inscrite par une banque privée avec ses propres outils informatiques à celle réalisée via SWIFT entre deux comptes centraux. Puisque d'un coté on note la trace d'un transfert ou d'un échange soldé, de valeurs monétaires entre deux banques et de l'autre on réalise un transfert de fonds.

    Donc, un compte central contient de la monnaie électronique: c'est un coffre, un compte privé n'en contient pas: c'est un compte, un livre de compte électronique...

    Puisque la technologie actuelle permet de dépasser les problèmes de poids et de vol liés au supports anciens (papier, métaux, coquillage, sel,...) pourquoi les banques seraient-elles les seules à avoir le droit à posséder et manipuler la monnaie électronique ?

    Si Glob veut faire en virement à Martin en monnaie électronique depuis son PC relié à internet ou nom de quel principe et de quel droit lui impose-t-on de passer par l'intermédiaire de son banquier ?
    Puisque ce dernier effectuera au final cette même opération, et de la même façon mais sur son compte propre.

    Je demande à utiliser ma monnaie électronique directement, sans intermédiaire et sans délais, je veux que mes paiements électronique soit libératoire et je veux les outils pour les réaliser moi même. Je veux que ma paie soit virée sur MON compte et non sur LE compte de mon banquier. Non mais !

    Toute la technologie est là, qui nous tends les bras.

    Est-il compliqué de créer quelques centaines de millions de comptes électroniques en banque centrale ?

    Est-il impensable d'étendre le nombre d'opérations réalisées via le réseau SWIFT ?

    Tout cela est-t-il véritablement hors de portée pour la technologie du 21ième siècle ?

    http://www.fimarkets.com/pages/swift_reseau_messages.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Society_for_Worldwide_Interbank_Financial_Telecommunication "

    Cordialement,

  • A Glob sur swift,
    ce que vous demandez, c'est de pouvoir faire avec la monnaie électronique ce qu'on fait avec la monnaie fiduciaire quand on paie de la main à la main. Je n'y avais jamais songé, ce qui me démontre le poids qu'ont pu prendre les banques dans mon esprit à l'insu de mon plein gré. Merci pour ce bol d'air.

  • M'enfin !
    On oublie la "monnaie molle", maintenant ?
    Celle-ci doit avoir une valeur qui se déprécie avec le temps.

    Un peu comme avec de l'inflation...
    Et hors les "unités de compte sociaux", si j'ai bien compris.

    Bon d'accord, quand les courbes se croiseront dans le mauvais sens, à un moment ou à un autre, y'aura des "cocus" plein la planète !
    Comme toujours, d'ailleurs...

  • Bonsoir,

    Oui c'est ce que je demande, bienvenue au club (on doit être 3 actuellement :-) )
    Les systèmes mis en place à travers les ages on cherchés à résoudre les difficultés inérentes au paiement de la main à la main. La quantité à compter, le poids et le risque; aujourd'hui dans la zone euro, via SWIFT, 3000 milliards d'€ s'échangent chaque jour !
    Inconcevable avec des billets, c'est vraiment la monnaie électronique et l'informatique qui permettent cela. Une donnée incontournable pour comprendre l'aspect tout à fait nouveau de "la crise" que nous traversons. Je crois que le système monétaire mis en place, standardisé lors de réunions à Bâle (accords de Bâle II), si il présente des caractéristiques très différentes du "système" de 1929 vise comme ce qui se faisait précédemment à réduire les inconvénients inhérents au anciens supports de la valeur monétaire. Et les nouveaux moyens de transmission automatisés de l'information y parviennent remarquablement bien.
    Il n'en reste pas moins que la monnaie centrale relayée par la "monnaie molle" (parfois molle, en ce moment elle se durcit dangereusement) n'est qu'un système globalisé et complexe de transmission de valeurs monétaires qui contourne et évite la transmission de la main à la main.
    Ce sur quoi L'ignoble attire notre attention c'est le fait que l'inflation du crédit bancaire privé a un effet de dilution sur la valeur monétaire et que cette inflation, contenue et maintenue à un niveau faible mais constant, et nécessaire afin d'éloigner le spectre de la peste économique qui à pour nom "déflation". Avec des taux directeurs à zéro où sont donc les marges de manœuvre qui éviteront le décrochement ?
    Mais
    Car il y a un mais, ce n'est pas parce-que les banques ne pourront plus gérer mon argent en compte propre qu'elles n'iront pas se financer à la "vache à lait centrale" pour accorder leurs crédits. Pourquoi non ?
    On pourrait conserver la monnaie molle et éviter la monnaie floue...
    L'anticipation de richesses reste entièrement possible l'économie n'a pas à avoir peur et les banques centrales ne pourraient que s'enorgueillir de contrôler d'autant mieux l'inflation et le niveau d'anticipation supportable sur les richesses à créer.
    Oui, oui, j'ai conscience que cela ne réglera pas tout les problèmes du système et notamment:

    la concentration de richesses dans quelques mains, richesses en mouvement perpétuel; laissons aux imbéciles le soin de croire qu'elles constituent des stocks, des masses monétaires, seul le flux qui caractérise le niveau d'échange à un sens, richesses donc, en expansion démesurée, en mouvement, mais dans des zones inaccessibles à l'économie. Richesses "indépensables", in-redistribuables, parce-que beaucoup trop concentrées, inutilement, sans retour économique. Et pourtant, et là je rejoins JMH et KM, totalement issues de l'économie, point d'autre lieu de production possible...

    La financiarisation et l'actionnariat (y compris des banques) nous ramène au sujet "la domination pour quoi faire", j'ai plus le temps là, mais à mon avis on ne peut, sur un tel sujet, pas faire l'impasse de :

    1) la soumission (quels mouvements, idéologies, prônent la soumission aujourd'hui ?)
    2) la propagande qui née après les coups de crocs dans les fesses embabouines trouve son expression ultime dans ce que l'on désigne pudiquement aujourd'hui par "la Communication".

    ...

  • @ Glob : Intéressant !
    Mais y'a-t-il justement une "vision globale" ?
    On parle des maîtres du monde, du groupe Bilderberg, etc.

    Tout cela ne relève-t-il pas de la parano qui tourne autour des "théories du complot" ?
    Car je me demande si vraiment ces groupes-là ne se trompent pas aussi souvent que d'autres, à être éventuellement contre-carrés par d'autrres "groupes sous-marin"...
    Puisqu'aucune de leur prévision ne se réalise, finalement.

    Ill me semble qu'il ne s'agit que de quelques tentatives hasardeuses de comprendre ce qui se passe, comme pareillement à Davos : et tout le monde ressort avec un vue "court-termisme" des choses qui est un peu ahurissante.
    Il suffit d'une "pichenette" sur les 3.000 milliards qui changent de main tous les jours, et ça fait le même effet qu'un tsunami sur l'économie mondiale, balayant toutes prévisibilité, toute anticipation rationnelle.

    Bref, on est assez loin des préoccupations de Bourdieu (dont Michel vient d'enrichir son texte par quelques extraits de ses écrits).

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