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  • Le poids de l'institution et de la culture.

    On me demande parfois pourquoi je ne mets pas en application la pluriactivité que je préconise ici sous la forme d'un état providence participatif. La réponse est assez simple: que je le fasse ou non ne changera rien au monde qui nous entoure (Sur le peu de temps libre que j'ai, je le fais ou l'ai fait pour du soutien scolaire, du voiturage de sportifs en herbe, de la garderie d'handicapé...). Imaginons que je réussisse à monter un projet comme Jean-Baptiste Godin avait su le faire en son temps avec son familistère. Ce sera une belle aventure et elle finira comme le familistère de Godin, aux oubliettes ou bien en musée, ce qui revient à peu près au même. Sans un soutien institutionnel, sans une norme culturelle, tout projet social est voué à l'oubli, aussi bien construit soit-il.

    J'aime à citer l'expérience d'Azouz Begag rapportée dans son excellent livre "Le gone du Chaâba". Le Chaâba est une sorte de petite communauté du Nord Afrique avec un chef respecté. En France elle est hors de son milieu "naturel", c'est à dire quelle n'est pas soutenue institutionnellement ni culturellement. Ce que raconte Azouz dans ce livre, c'est la vie dans la banlieue lyonnaise et l'inexorable disparition d'un petit Chaâba dont son père était le chef. Il a suffit qu'une femme mette en question l'autorité du chef pour que le Chaâba se dissolve rapidement dans l'environnement individualiste. Pourtant, la structure du Chaâba est une structure éprouvée, très ancienne, et les participants au Chaâba d'Azouz Bégag n'étaient pas des amateurs, ils portaient la culture du Chaâba. cqfd.

    Voilà pourquoi ma démarche est politique, c'est à dire qu'elle vise à s'inscrire dans la loi et dans les institutions afin de ne pas être la xième tentative marginale vouée à l'oubli de recréer des solidarités dans notre société qui se découd . Je pense en particulier aux SEL (Système d'échange local). Leur place institutionnelle entre l'entraide et le travail au noir est si mince que leur succès serait assurément leur perte. Je pense au projet SOL qui a si peu défini son champ d'action qu'il risque d'avoir le même sort.

    Avoir un appui institutionnel n'est pas suffisant, encore faut-il que chacun y trouve son compte. Par exemple, les Scop ont bien un cadre légal. Pourquoi ne se développent-elles pas plus? Il s'agit d'entreprises productives qui ont tenté d'intégrer des normes sociales et solidaires et pratiquant l'égalité entre les membres. Dans les Scop, celui qui se défonce finit par trouver qu'il n'est pas assez reconnu par rapport à celui qui bosse moins et qu'il finit par ressentir comme un parasite et qui pourtant gagne autant que lui. A la fin, personne ne fait plus rien par crainte d'en faire plus que le collègue, le moins-faisant emporte le morceau. Une structure doit pouvoir apporter une reconnaissance équitable pour perdurer, ou/et avoir un système de direction assez fort et légitime capable de faire appliquer les règlements et règler les conflits de façon acceptable. Il doit pour celà être appuyé par les institutions et correspondre à une norme sociale ou culturelle .

    Le projet que je propose ne présuppose pas de structure particulière , il pose un principe de pluriactivité et un principe de marché social encadré et soutenu par la loi et sur lequel les structures les mieux adaptées pourront se développer. Pas de doute que la maîtrise de l'agenda devrait y jouer fortement!

  • La maîtrise de l'agenda, prix de la liberté.

    Dans une société intégrée, communautaire, les agendas sont rares et peu individualisés, chacun sait ce qu'il a à faire et ce n'est pas bien différent chaque jour.

    Notre société issue de la liberté et du progrès a développé l'art de l'agenda à un niveau inégalé. Chacun doit avoir son agenda sans lequel il n'est pas possible d'être intégré. Il y a aussi des agendas organisant les groupes, les plannings. Parmi les plannings les plus élaborés figurent ceux des écoles. C'est tellement compliqué que l'ordinateur n'y suffit pas et qu'il faut l'aider un peu à la main.

    L'agenda est la contrepartie de la liberté et de la division du travail. Au passage, on a un peu oublié de plannifier les tâches sociales qui sont pourtant assez répétitives. C'est que ce n'est en général pas très rentable selon les critères productivistes actuels  (sauf pour certaines activités comme les crèches, n'est-ce pas i2?).

    En conclusion, si on veut s'occuper des tâches sociales comme je le propose ici, selon des critères différents de l'activité dominante en cours, ce sera en contrepartie d'un effort d'agenda supplémentaire. Il est possible que cet effort soit trop lourd et que le prix à payer soit trop élevé mais le jeu en vaut la chandelle, car il s'agit de tenter de recoudre du lien social sans renoncer à notre liberté. Sans cet effort, il se peut que la tentation communautaire rampante (le multiculturalisme) prenne assez de force pour une transformation sociale qui sera une régression.