Monnaie fondante affectée, monnaie travailliste, monnaie de gauche?
On connaît la monnaie capitalisable, celle que tout le monde utilise. Mais que pourrait être une monnaie fondante, et à quelle fin - Jean-Marie HARRIBEY 2002; André-Jacques HOLBECQ 2004; The Transitioner ; projet SOL ; Article sur le Berliner .
Une monnaie peut fondre de plusieurs manières, en faisant diminuer sa valeur ou en faisant diminuer sa masse, sa quantité avec le temps. Pour qu'une monnaie soit fondante, il faut que l'épargne ne rapporte rien et même moins. Dans cette condition, il y a plus intérêt à consommer au plus vite cette monnaie qu'à la capitaliser sous une forme ou sous une autre. Une telle monnaie n'est pas adaptée à toute activité qui nécessiterait un investissement. Elle ne viserait donc pas à remplacer la monnaie capitalisable mais à fonctionner en tandem avec elle sur un domaine d'activité défini. Elle se rapproche du travail et le travail ne se trouverait pas en infériorité relativement à cette monnaie (contrairement à la situation du travail devant le capital). En définitive il s'agit d'une monnaie plus proche du temps passé que des biens matériels, d'une monnaie "travailliste" par opposition à la monnaie "capitaliste".
La solution inflationniste (diminution de la valeur) nécessite de modifier sans cesse la valeur de référence de la monnaie. Je préfère la méthode de diminution programmée du volume. La technologie actuelle permet de faire diminuer la quantité en temps réel d'une monnaie qui n'existerait que sous forme numérique. D'un point de vue pratique la carte à puce et toute la technologie associée permettrait de manipuler facilement cette monnaie fondante.
Dans l'optique d'une économie plurielle comportant un domaine social régi par une monnaie fondante (donc monnaie fondante affectée dans ce cas au domaine "social" ou "socio-culturel"), une banque pourrrait périodiquement (mensuellement par exemple) distribuer une allocation aux personnes dépendantes correspondant à la fonte programmée. Ces personnes pourraient dépenser cette monnaie pour des activités de service à la personne ou toute autre activité qui ferait partie de ce domaine ou le profit n'a pas de sens (activité socio-culturelle en général). Toute une économie parrallèle du non profit (un marché) pourrait ainsi être stimulé par cette monnaie. Il y a fort à parier que toute l'économie pourrait bénéficier de ce noyau d'activité, de ce surplus de vitalité.
Il y a déjà eu une vingtaine d'expériences d'utilisations, plutôt réussies, de monnaies fondantes dans l'histoire, à chaque fois sur une étendue géographique très limitée mais sans délimitation de secteur d'activité particulier. Dès que leur succès et leur réussite deviennent importants, elles se retrouvent de fait en situation de concurrence avec la monnaie capitalisable en place. Le choix politique de les évincer en les interdisant devient alors inévitable sans une révolution. Ce que je propose ici est différent, il s'agit d'une proposition réformiste où la monnaie fondante ne serait pas en situation de concurrence avec la monnaie capitalisable, mais lui serait complémentaire. Je propose d'étendre une monnaie fondante à l'échelle d'un état mais en la cantonnant à des activités pour lesquelles les gains de productivité n'ont que très peu de sens (les activités sociales de prise en charge des dépendants et les activités associatives socio-culturelles).
En définitive, ce que je propose, c'est une monnaie de gauche, apte à gérer efficacement nos besoins sociaux directement du point de vue du temps passé , sans passer par la dissipation de l'état providence, allégeant les prélèvements, déconnectée de la bourse et du capital, non marchandisable.
Roger SUE (Quelle démocratie voulons nous , 2006 La découverte, p.30) adhère à l'idée d'une monnaie alternative: "...les activités non marchandes des associations ne donnant pas lieu directement à une création monétaire, il serait utile de généraliser un titre d'échange (une monnaie, pourquoi pas fondante, ndr) reconnaissant les services rendus et permettant en retour d'en acquérir d'autres (services)."
Y a-t'il des économistes qui pourraient alimenter ce débat (à partir de considérations économiques, bien entendu!)?
Commentaires
Merci pour le blog!
Voilà qui force à l'admiration !
Une monnaie fondante pour des "activités de prise en charge des dépendants et les activités associatives socio-culturelles"...
Toutes celles qui manquent cruellement d'investissements "capitalisables" !
Franchement, est-ce bien raisonnable ?
Bienvenue sur mon blog Infree et merci pour ton admiration!
Enigme: pourquoi les dinosaures beaucoup plus costauds que les petits mammifères ont disparu alors que les mammifères leur ont survécu? Chi-Fu-Mi? Je pense que tu auras sans doute une autre idée.
Il n'y a pas d'incompatibilité mais une complémentarité entre les deux monnaies. Par exemple pour les pompiers, il y a à la fois un besoin de matériel et de volontaires. Je ne sais pas si ma source était bonne, mais j'ai lu dans un journal de la région de Lyon (Michel Mercier alors président de la région) que le passage à une professionnalisation complète des sapeurs doublerait le budget (J'ai remarqué que c'était tout en vraie monnaie et pas moitié monnaie de singe comme je le propose, mais j'ai pas mieux en attendant!).
Le problème que je rencontre, c'est que ceux qui auraient le plus besoin de cette monnaie, ceux pour qui le potentiel de valorisation est le plus fort, sont incapable de construire le système alors que ceux qui en ont les compétences n'y voient qu'une source de dévalorisation (aussi bien sur le plan social que sur le plan monétaire).
Amicalement.
Michel.
Tout le monde ne rêve pas depuis tout petit d'être pompier !
D'autant que tous les pompiers volontaires sont rémunérés, mal faute de moyen, mais sûrement pour s'en tenir à une discipline militaire (tour de garde et autre réquisition).
Au-dela des pompiers de Paris et de ceux de Marseille, tous les autres pour être sous-off "pro" ou officiers, sont des "cocoï", en général parachutistes.
Ils sont dits "volontaires", donc souvent assimilés à des bénévoles (ce qui est vrai sur le plan fiscal, mais pas social) parce qu'ils y sont à temps partiel, autrement dit travailleurs à employeurs multiples.
C'est donc le mauvais exemple, ou le contre exemple : Trouve autre chose !
En te rappelant que le "bénévole" (dont je suis pour une partie de mes activités : c'est une bonne affaire fiscale mais pas social : c'est un choix personnel), ne sont jamais rémunéré ni directement ni indirectement, jamais !
Ce n'est permis par la loi que dans un seul type de situation à 4 degrés divers en fonction de la taille de l'activité administrée : Il n'était pas vraiment logique que le Président de la Mnef ne soit rémunéré que pour des remboursements de frais même fictifs, au détriment de ces études... alors qu'il est censé être responsable du bon emploi des cotisations des étudiants, qui se comptent en millions d'euros, conformément aux législation française et européennes, gère et administre un patrimoine envié dans toutes les villes de campus et quelques milliers de salariés dont des toubibs et des plateaux techniques parfois epoustouflants !
Mais il faut avoir "blanchi sou le harnais" pour savoir, un peu, de quoi il retourne...
Bref, trouve moi un autre exemple.
Et puis pour les dinosaures, tu devrais savoir qu'il y a controverse doctrinale sur le sujet.
Manque de fourrage pour des grosses bêtes, hiver nucléaire dû à une grosse météorite, ou supériorité du mamifère qui peut détaler devant le danger d'un prédateur avec ses oeufs dans le ventre ?
Les grosses bêtes demeurent avec les baleines...
Les végétaux ont perduré malgré l'hiver nucléaire...
Et les espèces ovipares sont en nombre supérieur aux vivipares...
Ce qui est sûr, c'est que l'apparition de l'Humanité aurait été très compromise sans la disparition des animaux du secondaire !
Intéressant l'idée des oeufs. Imaginons que les gros oeufs ce soit les capitaux et que leur maladie soit celle de la grenouille qui se prenait pour un boeuf, alors...Boum! La terre n'est pas infinie.
Je ne crois pas une seule seconde à ton affirmation de désintéressement que tu nous redis souvent, je te cite:
"En te rappelant que le "bénévole" (dont je suis pour une partie de mes activités : c'est une bonne affaire fiscale mais pas sociale : c'est un choix personnel), ne sont jamais rémunéré ni directement ni indirectement, jamais !" Réfléchis bien à ce que tu en retires, c'est sans doute très important, je dirais même plus très important.
Amicalement.
Michel.
Non, tu as raison, la terre n'est pas infinie... Faut relire l'histoire des moutons lâchés sur une île déserte reprise par tous les malthusiens de toutes époques !
J'espère que tu n'en ais pas un...
Car la terre peut nourrir sans doute 3 à 4 fois plus d'humains qu'elle ne le fait aujourd'hui, si la pénurie générée par les guerres et la Federal Agronomic Administration à Wahsington ne pesaient pas autant sur les famines...
Quant à la grenouille de La Fontaine, ce n'est qu'une fable.
Pour ce qui est des "bénéfices personnels" de mes activités peu ou pas du tout rémunérées, je n'en retire, très cyniquement et pragmatiquement, qu'un détour d'enrichissement personnel : c'est un peu compliqué à expliquer ici bas, mais puisqu'elles developpent, pour certaines, de la marge, pour simplifier, je la capitalise (puisque les assoce n'ont pas de fonds propres) : ça viendra remplacer l'absence de retraite pour mes vieux jours, quand je serai devenu impotent et que je vieillierai seul (si je dois vieillir), puisque les assurances sociales ont réussi à détruire les liens sociaux et familiaux et qu'on vit chacun isolé dans sa petite bulle fiscale... faudra bien compenser !
Bonne journée