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Gérer sa vie dans une société de l’individu n’est pas désirable par tout le monde, ou des limites du libéralisme individualiste.

La pierre d’angle du libéralisme et son mythe fondateur suppose que chacun d’entre nous possède le potentiel de se gérer, d’être autonome et le souhaite. Ce mythe participe à la construction de la société des individus que nous créons. L’homo individualis responsabilis est une des utopies, des mythes fondateurs de la philosophie libérale.

A partir de ce grand principe libéral, deux grands courants politiques se développent, un dit à droite et l’autre dit à gauche, Le courant de droite sera plus enclin à forcer le trait, à croire aveuglément dans les vertus du marché (la catallaxie). Il sera plus enclin à considérer l’état providence comme un générateur d’assistanat promouvant le contraire de sa philosophie. Le courant de gauche considérera que des facteurs sociaux sont aussi à l’origine des situations individuelles et il tentera de corriger cette source d’inégalité par un état providence plus développé.

Les deux courants finiront peut-être par se rendre compte que le mythe fondateur qui les sous-tend est insuffisant pour englober tout le monde, dans le sens où, comme tout ordre, comme tout système, le libéralisme, ou plutôt l'individualisme créé des exclus et que dans le cas du libéralisme-individualisme il s'agit des plus faibles, de ceux qui ont le plus besoin de structures pour les soutenir. Quand bien même il est légitime d’encourager la responsabilisation et la prise en charge individuelle, il faut reconnaître que chacun d’entre nous n’a pas le potentiel ou le désir pour accéder à l’autonomie dans une société d’individus, dans une société de l'individu. Pour s’en convaincre pleinement je conseillerais la lecture de deux livres de témoignages et de réflexions qui me semblent incontournables pour qui veut réfléchir à cette question politique de première importance : « Les naufragés » de Patrick Declerck et « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » d’Oliver Sacks. Le premier est une enquête anthropologique parmi les clochards doublé d’une réflexion profonde et le second relate les expériences d’un spécialiste du système nerveux doublé d’un humaniste. Bien que ces livres relatent des situations extrêmes, ils n’en sont pas moins exemplaires et essentiels à la fondation d’une philosophie politique. Qui d’entre vous ne connaît pas dans son entourage ou même dans sa propre famille le cas de tel ou tel jeune qui ne réussit pas à décoller, qui ne réussit pas à gérer ses affaires, à se prendre en charge à 20 ans, 30 ans? Et après, que deviennent ces anciens jeunes quand le support familial s’est évanoui ?

Les deux livres mentionnés relatent des cas de personnes réussissant à très bien vivre dans un cadre collectif et qui pour cette raison sont déclarés aptes à la réinsertion et se retrouvent mis dans le grand bain de la société « réelle ». Le résultat est systématique: ils coulent et en meurent souvent rapidement.

Ces deux livres et mes observations m’ont amené à concevoir qu’une société solidaire non Eugéniste se devait de penser des structures collectives ouvertes (donc pas des prisons) et laïques. Ces structures pourront accueillir les personnes les plus inadaptées à la vie individuelle, non pas seulement par choix, mais par nécessité. Elles pourront aussi accueillir les collectivistes, les « fatigués d’être soi » que la vie individualiste, froide et superficielle dégoûte et qui pourront trouver à s’épanouir dans un cadre de vie collective. Ces structures collectives ont un potentiel d’efficacité économique évident ne serait-ce que par un fort abaissement des dépenses. Je propose que la société de la connaissance (autre utopie solidaire) mette une part de ses capacités à concevoir, rôder, faire évoluer des structures collectives. D’après les données démographiques, nous aurons besoin d’une immigration plus forte demain qu’aujourd’hui si nous tenons à conserver notre bonne vitalité nataliste actuelle. L’accueil des immigrés pourra se faire beaucoup plus facilement en s’appuyant sur des structures collectives organisées, plutôt que de laisser des « Chaâba » se constituer misérablement pour se dissoudre ensuite douloureusement.

Le cas des Kibboutz est très certainement à méditer, quand bien même il ne s’agit pas ici de songer à les copier. Au plus fort de leur développement, les Kibboutz (et autres structures voisines) ont accueilli jusqu’à 6% de la population Israélienne (moins de 2% aujourd’hui, sans doute par manque d’évolution. On peut noter une apparition en Israël de la pauvreté typique des pays d’individus, y a-t-il un lien avec la dissolution progressive des structures collectives ?). Aucun pays n’a eu à absorber autant d’immigrés qu’Israël et les Kibboutz ont considérablement aidé à leur intégration.

Un dernier avantage à penser et mettre en place des structures collectives tient du contraste indispensable à la liberté qu'elles peuvent générer. Les structures collectives et les individus autonomes constituent les deux versants, les deux domaines indispensables à l’existence du choix de vie et de la liberté réelle.

Commentaires

  • Mouais... Israël et les Kibboutz.
    Autre époque, autre pays, et autres immigrés.

    Autes mentalités qui ne peuvent souffrir aucun parallèle.

    Toutefois, bien que je sois relativement attachée aux structures collectives, (et je t'ai parfaitement compris dans d'autres posts) je n'imagine pas réalisables ces schémas dans la France d'aujourd'hui, dans l'Europe comme on dit.
    Elle tourne fou cette France, et d'autres pays d'Europe avec elle, et il n'y a plus personne pour maîtriser cette machine infernale.

    La cause est connue : par qui est-elle dirigée ?
    Ce qui me sidère, c'est que malgré les mécontentements, CES élus s'enfoncent de plus en plus profondément ET confortablement dans leur fauteuil.
    Cherchez l'erreur.

    Certains citoyens sont résolument optimistes...mais je me sens tellement éloignée d'eux.
    Quand je les entends développer leurs raisons, je comprends tout de suite que nous ne vivons pas dans le même pays. Géographiquement oui pourtant.

    Dis Michel. Est ce que dans les Kibboutz, ils vénéraient le veau d'or tel aujourd'hui en France ?
    Etaient-ils tous tordus, ou est ce qu'ils étaient animés par un formidable espoir de meilleur...dont ils ont déchanté petit à petit et définitivement.

    Mais qu'est ce qu'ils avaient abattu comme boulot !

    Ce que je trouve très inquiétant aujourd'hui, c'est la revendication systématique à la différence, que ce soit à travers une nationalité, une couleur, une langue, une catégorie socio-professionnelle, une ethnie, une religion. Bref, tout devient prétexte à revendiquer.
    Et ça n'est pas fait pour rassembler.

    Ceci dit, je vais lire les deux bouquins ci-dessus mentionnés.
    Le thème m'intéresse.

  • Perso, je n'ai pas compris (mais tu en as l'habitude, désormais, Michel).
    Pourquoi partir du raisonnement du mythe fondateur du libéralisme pour aboutir au Kibboutz ?
    Ca m'échappe...

    As-tu déjà visité, passé la nuit, dans un kibboutz ? As-tu causé avec ces "militants" migrants de kibboutzim ?
    Des gens extraordinaires, je t'assure ! Mus par un esprit de solidarité hors du commun.
    Mais qui s'étiolle dès qu'il y a quelque chose à partager qui devient du "rêve" individuel (sauf quelques exceptions).
    On ne peut pas bâtir que sur l'exceptionnel : il est bien trop rare !

    Et le libéralisme n'est pas non plus l'utopie que tu dis qu'elle est : le libéralisme économique postule que chacun a l'information suffisante pour faire des choix optimum !
    C'est naturellement totalement idiot (même et surtout dans un société de l'information telle que nous la vivons et qui nous submerge).
    Tu notes que beaucoup n'ont pas accès à l'information.
    Je note qu'ils sont encore plus nombreux à ne pas savoir l'exploiter, distinguer la bonne information de celle qui ne l'est pas, que presque personne ne sait plus hiérarchiser les informations, ne sait plus avoir l'esprit critique, à part quelques-uns (et encore, ils leur arrivent de se tromper aussi bien que les autres).

    Pour moi, le libéralisme n'est pas économique : il est essentialiste à la condition humaine.
    Il consiste justement dans cette liberté de chacun de pouvoir faire des choix erronés, sciemment "non-optimisés", irrationnels, imprévisibles, incohérents, voire contre-nature, anti "bon sens" !

    C'est là qu'il donne sa pleine mesure et c'est là qu'il faut être social et solidaire, sans pour autant "être de gauche".
    On le pressent déjà à travers les propos sur le libéralisme de Delanoë...

    Je reviens : panne de batterie

  • i2,
    moi, ça me parait limpide, le lien entre libéralisme et Kibboutz! bien entendu! Je suis à peu près d'accord avec tout ce que tu dis à propos du libéralisme, sur le plan économique et sur le plan philosophique. La discussion que je propose est sur les limites, sur la domination de ce libéralisme (tu peux relire à nouveau ce billet, je ne vais pas le reprendre). Cette limite est mise en évidence par tous ceux qui n'ont pas le goût (cf "la fatigue d'être soi" d'Ehrenberg" par exemple) en particulier à cause de la forte angoisse existentielle que la société libérale (individualiste, c'est lié) induit (quand on appartient à un groupe, une lignée, etc... cette angoisse est moins grande, parce que le groupe auquel on appartient continuera après nous, c'est une question qu'en tant que Corse tu dois particulièrement bien comprendre, sans pour autant l'épouser).
    Il y a aussi tous ceux qui ne réussissent pas à avoir assez d'autonomie pour gérer leur vie dans ce contexte individualiste et pour qui la situation est misérable, vraiment misérable, parce que tout ce qui est collectif (à part les sports collectifs) est tabou pour cause d'idéologie anti-collectiviste.
    Voilà quelques éléments, quelques pistes pour relire et tenter de saisir le fond du billet ci-dessus. Je ne me fais pas trop d'illusions, et je sais que tu vas trouver quelques éléments microscopiques et auxquels je n'avais pas songé pour aggriper vite fait ta contradiction.
    De mon côté, je vais un peu réfléchir à ce que tu me dis sur le "quelque chose à partager"..."le rêve individuel" dont tu parles. Je crois bien que ce principe fonctionne en effet, ce fut le cas pour la dissolution des petites communautés post-68, pour le Chaâba, les Scop qui se plantent etc...C'est pour ça que l'improvisation ne me semble pas conseillée et qu'il faut en effet intégrer ce que tu dis pour tenter de concevoir des structures collectives ouvertes en tentant de comprendre comment cette question a été résolue dans les cas qui marchent ou ont marché.

  • Tiens j'ai une citation qui me revient à l'esprit.

    (? bin oui j'en ai....J'rigole !)

    "On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où on va". (sauf erreur de ma part c'est de Christophe Colomb)

    Vos deux approches sont intéressantes.

  • Naturellement, je ne sais plus ce que je voulais dire... Saloperie de chiotte de m... de batterie ! Tu diou !

    Sinon que le "libéral socialisme" de Delanoë, par reflexe ou par fondement philosophique est bien une ineptie !

    On le vit déjà tous les jours avec un "Etat UMP (bling-bling)" et même encore avant ou notre députation démocratique délibère et vote des textes de lois (de loi, comme celle de la gravitation : même nature de règle ! inviolable !) sur un tas de chose qui vont jusqu'à réécrire l'histoire de l'esclavage ou le port de la muselière des chiens aux doses de sucre dans les aliments préparés à consommer, quand ce ne fut pas sur le sel !

    On veut tout réglementer, astreindre la liberté d'autrui - pour son bien, naturellement - sans penser une seule seconde qu'ainsi on tue l'homme et son essence, dans sa capacité d'être irrationnel !

    La caricature, c'était les "normes" imposées aux créateurs, aux artistes par les nazis et les staliniens !
    Jusqu'à autodafer les livres...
    Voilà ce qui nous attend, dans très peu de temps !
    Incapables que nous sommes à équilibrer entre trop et trop peu.

    Juste une anecdote : tout à l'heure j'écoutais France-Info en voiture qui jactait de ma concurrence (dans les crèches). Babylou va devoir fermer une crèche (subventionnée) du côté de Levallois, parce qu'elle était ouverte 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
    A mon avis, une ânerie* : il suffit d'avoir deux structures juridiques dans les mêmes locaux et le problème du "temps de travail" est réglé, l'inspection du travail n'ayant plus rien à dire !

    De quoi donc se mêlent l'inspection du travail du bonheur des autres (ou de leurs difficultés à vivre de leur travail et d'avoir eu envie de faire des gamins) ?
    On en est là, à force d'anti-libéralisme, primaire, viscéral, bête et méchant !
    Ca c'est du "socialisme" appliqué.
    Tout sauf libéral et solidaire...

    * C'est une ânerie, car plus on parlera de Babylou et de ABC puéricultrices, plus cela veut dire qu'ils vont se casser la gueule : il suffit de sortir leur bilan ! Je ne vois pas comment on peut faire face aux échéances avec seulement 379 € en banque et en caisse au 31 décembre pour 1,2 millions de CA... et des charges sociales à payer en janvier
    Rien que le PQ et l'abonnement téléphonique à payer, et c'est le dépôt de bilan, d'autant que les familles payent leurs participations à terme à échoir !
    Et que les subventions n'arrivent au mieux qu'en avril...

  • Là, tu mélanges tout.
    Tu ne suis plus le fil de Michel.

    Mais bien entendu, ce que tu cites, a effectivement lieu...tous les jours, dans tous les domaines.
    L'Etat se mêle de tout dans ce pays (en Europe, dans d'autres pays aussi, où d'ailleurs le vote référendaire ne peux pas avoir lieu eu égard à leur constitution. Pas bêtes les guêpes !).

    La Société a été formatée et les consignes sont suivies parfaitement. Pas ou plus de réactions de la part de ses acteurs.
    C'est ça qui me dérange et m'inquiète.

    C'est cette société là que je désapprouve, que j'exècre, et si j'avais pu prévoir que l'Europe nous réservait cette escroquerie là, jamais je n'aurais voté "oui" début 90 , quand bien même j'ai voté NON au TCE, mais c'était trop tard.
    Pourtant combien d'Anciens ne décrétaient pas au début de la dernière décenie du siècle passé "qu"ils allaient nous faire une Europe de Technocrates". La suite leur donne raison.

    De toute façon, NS nous a imposé le vote parlementaire aujourd'hui (Lisbone... Lesdits parlementaires ont dû avoir un bel avantage pour ce faire, mais ça, on le découvrira que plus tard, alors que la veille du vote ils étaient encore nombreux à anôner être contre, Hollande en chef de file)

    J'ai adoré le dernier speach public et officiel de Sarkozy en visite à l'étranger (la semaine passée) à ce sujet :

    "Vous voyez, c'est comme le traité européen. Avant ils n'en voulaient pas (les Français) et maintenant ils disent oui. Ils leur faut du temps pour comprendre).....et rires fusant.

    Mouais.
    Un grand moment philosophique ce raccourci de l'histoire !!!

  • @ Michel

    Il est magnifique ton koala dans l'avatar.
    Mais si tu pouvais nous mettre TA photo au lieu des fesses de ce sympathique nounours, ce ne serait pas pour nous déplaire.

  • Heu... i2, de quoi tu causes? Les médias vivent de l'écume, créent l'écume et les politiques dont on entend parler se vautrent dedans. Tes billets s'en amusent et s'en désolent souvent. Je crois que tu connais Guy Debord, il est tellement d'actualité. Il y a un tel mélange des genres, un tel brouillage politique. Mais une fois de plus, te voilà parti sur dix autres sujets, j'ai le tourni!
    @Jasmin,
    ben à ce rythme là, à force de ne pas savoir où on va, on risque en effet d'aller vraiment très loin! Arf!

  • Tu sais où on va toi ?

    Si oui, fais-m'en part STP.

  • J'aimerais pouvoir ajouter qu'il faudrait encore que ceux qui assurent développer un courant de Gauche, très honorable, soient en conformité avec les idées qu'ils disent développer.
    Ce n'est pas le cas, depuis fort longtemps.
    Quant au courant de Droite, il n'y a pas de surprises à attendre. C'est dur, voire pénible, pour la grande majorité des citoyens d'une nation.

    Si on pouvait décliner "mensonge", on n'est pas au bout de nos peines.

    Alors, si les idées sont bonnes, ceux qui les appliquent ne le sont pas.

  • Jasmin,
    non, je ne sais pas où on va mais je crois que c'est dans un mur, pour des raisons écologiques sans doute et pour des raisons politiques aussi, politique spectacle très certainement quand on voit que des idées comme celles de Toto ne réussissent pas à percer, que les inégalités n'ont jamais été aussi grandes etc...Les mots sont trop souvent employés à n'importe quelle sauce, libéral ne veut plus rien dire, socialiste non plus, conservateur n'est que péjoratif. Rentier, corporatiste veulent encore dire quelque chose. J'avoue que je suis aussi paumé que beaucoup. Mais j'ai tenté de comprendre et tenté de proposer quelques solutions à la question de l'état providence. Je ne réussis à convaincre personne, mais je n'en éprouve aucune amertume, cette démarche m'a apporté 1000 fois plus que la critique. Je reste persuadé d'avoir correctement analysé quelques uns des fondements du malaise actuel dans la société et d'avoir correctement posé l'équation. Il est possible qu'elle n'ait pas de solution pratique, c'est la conclusion de Toto, est-elle définitive? J'y songe.

  • Je suis rassurée.
    Je me demandais parfois si je comprenais bien tes posts ou tes rubriques.

    Voilà Michel, on a le même sentiment, sauf qu'on ne le vit pas de la même façon.
    Bon WE !

    PS : t'ais-je déjà dit que ton "Etat participatif" me gêne ?
    Je n'ai aucune confiance dans l'Etat.

  • Pourquoi ?

    L'Etat possède le monopole de la violence légitime.

    J'en profite pour te renvoyer vers le bouquin suivant...si tu ne l'as pas déjà lu :

    "L'Empire de la Honte" de Jean Ziegler.

  • Jasmin,
    Voilà un grand point de divergence entre nous. L'anarchie ne m'a jamais convaincu parce qu'elle suppose un homme qui n'existe pas, ou si peu, un homme capable de négocier ses intérêts sans jamais perdre de vue l'intérêt général, alors que la jalousie, le "désir mimétique" prend si souvent le dessus. Ce n'est pas que j'aie une très grande confiance dans l'état français actuel (j'ai souvent cité la crise de confiance que nous traversons par le truchement du livre sur "la société de la défiance" édité par le CEPREMAP), mais j'ai encore moins confiance dans les entreprises toujours sous l'emprise du profit, et qui ne peuvent donc légitimement se réclamer d'intérêt général (la main invisible pour ce qui est des biens, passe encore et il y aurait quand même beaucoup à dire sur ce sujet, mais la main invisible sociale, alors là je rigole!). Cette question du monopole de la violence est une question très ancienne, sans doute les premiers écrits à la base de toute structure collective (Thomas Hobes et le Leviathan ...). Je préfère de loin un état à toute forme de milice qui apparaît dès que l'état se désengage sur ce terrain.

  • Excuse si je te donne l'impression d'un fourmillement de directions.
    Je tente simplement d'être constructif en étant "transverse".
    Une façon d'être synthétique (qui va jusque dans le détail).
    Mais je peux me taire, si tu le souhaites !

    Et je suis vraiment navré que tu en conclues que ton Etat Participatif soit voué à l'échec : Je suis persuadé que non, même si je ne parviens pas encore à en faire synthèse "adroite".

    D'accord avec Jasmin sur la notion d'Etat. Mais depuis 2 siècles en Europe occidentale, est né l'idée (tout de suite dévoyée par Robespierre et Marat) que la seule violence légitime appartient finalement au peuple. Ils en ont fait une dictature qui renvoie à Lénine - puis Staline - mais n'empêche, on retrouve cette idée par-ci par-là dans le corpus de nos lois actuelles (traces bien minces, il est vrai).

    Pour l'anedocte, c'est le "droit de retrait" d'un salarié dans le Code du travail, "la clause de conscience" dans le droit applicable aux journalistes, "la légitime désobéissance" développée par le Conseil d'Etat dans sa jurisprudence relative à la responsabilité de l'Etat et de ses agents sous la période de Vichy (au moment de l'épuration)...
    Et je suis triste quand un Chirac, pour des raisons parfaitement honorables et compréhensibles, ait reconnu cette responsabilité de l'Etat dans la Shoa : il n'y avait pas d'Etat légitime, comme d'une suspension de la République à cet époque-là.
    Mais De Gaulle n'a pas fini d'être trahi...

    Je diverge, je diverge, excuse Michel

  • i2, pas de souci pour tes innombrables divergences qui me paument (parce qu'il me manque une culture juridique, administrative et économique) et me donnent le tourni, permets simplement que je n'y répondes pas.
    Je n'ai pas conclu que "mon" état providence participatif" était voué à l'échec, mais seulement que pour le moment je songeais, je "ruminais" sur les objections (agenda et contrôle) de Toto. Je suis très lent, ça peut me prendre des jours, des mois ... voire des années.
    Bonne journée.

  • @ Michel

    Anarchie ?!
    Qui parle d'anarchie ? Certainement pas moi (dans le sens où tu l'entends).
    Je ne l'imagine même pas, car c'est incompatible avec le fonctionnement du Terrien.

    Je me suis forgé l'idée que la planète toute entière est aux mains de gens, dans le meilleur des cas indélicats, voire criminels, sinon truands.

    La "domination" est la moëlle de l'humanité.
    Quant aux aménagements, c'est encore autre chose.

    Tu n'as pas confiance dans les entreprises ? Entendu.
    Mais alors pourquoi aurais-tu confiance dans certains de ceux qui nous gouvernent (du moins en France puisque nous vivons en France), alors qu'ils sont à la botte des entreprises ?
    Qui les porte et les maintient "aux Pouvoirs" ?
    Le peuple ? Que nenni, que nenni !!

    Le Pouvoir est entre les mains de gens silencieux qui fonctionnent de manière secrète, opaque.
    Ils n'ont aucun sentiment pour l'Humanité.

    Je réitère que l'Etat (les états) possède le monopole de la violence légitime.
    Pour répondre à Infree, la violence du peuple est une réponse à l'Etat (aux états) quand il n'y a plus rien à perdre.

  • Jasmin, j'ai un peu de mal à te situer, sauf du côté des révoltés. Bon, là-dessus on est d'accord. Mais après? Si je lis ce que dit Jean Ziegler (j'avais lu ça chez André Gorz il y a quelques années, mais vu de moins près):

    Tiré de l'interview par "la libre Belgique" de JZ en 2005, juste après la sortie de son livre: "Pensez-vous que la morale a sa place dans les relations internationales, qui sont plutôt dictées par les intérêts économiques et géopolitiques ?

    Jean Ziegler : Il n'y a pas le choix. Ou bien vous optez pour le développement et l'organisation normative ou bien vous choisissez la main invisible du marché, la violence du plus fort et l'arbitraire. Pouvoir féodal et justice sociale sont radicalement antinomiques.
    "En avant vers nos racines", exige le marxiste allemand Ernst Bloch. Si nous ne restaurons pas de toute urgence les valeurs des Lumières, la République, le droit international, la civilisation telle que nous l'avons bâtie depuis deux cent cinquante ans en Europe vont être recouverts, engloutis par la jungle. "

    C'est assez clair selon JZ: soit les 500 seigneurs de la guerre économique (les gens secrets et inhumains dont tu parles, les cosmocrates qui sont à la tête des entreprises intercontinentales privées), soit les institutions soutenues démocratiquement (On mesure le courage du jeune Obama).

  • Excuse encore : je pense que ton immense culture (tous les jours vérifiées) par rapport à mon naninisme primitif intellectuel et natif aura indubitablement le dessus tôt ou tard !
    Là où je peux te rendre service, c'est en rendant tes solutions viables sur un plan juridique.
    Peut-être...
    Car pour le moment, je ne parviens pas à situer le fil frouge, le fil conducteur : une véritable énigme pour moi !

    @ Jasmin : tu as parfaitement raison !
    Ca, je l'ai toujours su !

    Et c'est comme ça que nous sommes gouvernés de tout temps : que personne n'ait rien à perdre (ou alors, il faut qu'ils ne soient pas très nombreux).
    Avec un "plus" : faire rêver les gens à un monde meilleur, si ce n'est pas pour eux, c'est pour leurs gamins !
    Les deux ressorts de nos démocratie qui se vautre dans la ploutacratie de quelques-uns (pas si fous que ça, les "500") !

    re @ Jasmin : ma proposition de nous faire des papiers sur "comment vit-on ailleurs", toi qui a tant voyagé, ça ne t'intéresse pas ?

  • @ Michel

    Révoltée moi ? Même pas. Même plus.
    Je suis sidérée et inquiète par la vitesse et la tournure des évènements tous azimuts.
    Ce que j'écris ici l'est sur un ton très calme, pensé, mais pas tendre, je te l'accorde.
    Peut être ais-je vu, ce dont tu as été épargné. Crois-moi, le discours change radicalement car le regard a changé.

    Je lis beaucoup, je voyage aussi et je constate la situation dégradée et dégradante partout, je vois le gouffre de l'ignorance se creuser.
    J'assiste à la disparition d'une humanité certaine dans de très nombreux pays, et au développement de la misère intellectuelle et matérielle.

    Bien sûr, il y a les bouquins, les revues spécialisées ou dîtes spécialisées, tous les médias et plétore de spécialistes (il n'y a plus que des spécialistes !) qui affirment diffuser de l'information et/ou détenir un savoir.

    Sauf que sur le terrain, ce n'est pas du tout pareil, et je n'y croise jamais, au grand jamais, les conférenciers et autres spécialistes.

    C'est l'Humanité qui m'intéresse.

    Il y a une citation de Talleyrand qui me revient souvent à l'esprit :
    "Il y a trois sortes de savoir : le savoir proprement dit; le savoir-faire et le savoir-vivre. Les deux derniers dispensent assez bien du premier".
    C'est tellement vrai, non ?
    Sur le blog, il manque l'intonation, une couleur indispensable dans un dialogue, qui donne toute sa valeur aux mots, aux phrases, aux expressions, et surtout une indication à l'interlocuteur, sur les sentiments exprimés.
    C'est tout un art de s'exprimer par écrit. Je ne dois pas le posséder, ou mal le maîtriser.

    Bisous.

  • i2, la conversation, si elle est sincère, nous change. De temps en temps, quand un de mes enfant veut à tout prix avoir raison et argumente n'importe quoi je lui pose la question: "tu ne serais pas en train de vouloir gagner la conversation?"
    Je crois dans ta sincérité et je lis ce que tu écris avec attention, mais je dois avouer qu'il m'arrive souvent de décrocher pour cause de foisonnement.
    Jasmin, si si, tu es révoltée, et c'est tout à ton honneur, que tu le dise avec calme ou non. Comment être insensible à la folie et au gachis de notre monde. Pas besoin d'hurler pour exprimer sa révolte. Ghandi était un révolté, Bové est un révolté (attention, je n'ai pas dit que tu épousais les idées de ces deux-là). Bien entendu, les membres d'action directe sont (étaient) des révoltés. On peut être révolté sans trop savoir comment agir politiquement, donner un débouché violent ou non à sa réflexion, à ses observations, ou bien choisir la dérision, l'humour pour leurrer notre impuissance. La dépression peut aussi être une réponse.
    Quand l'isolement des personnes m'est apparu comme un des traits les plus caractéristiques de notre société, cela a donné une prise à ma réflexion (j'étais au chômage à cette époque et cette réflexion m'a permis de ne pas tourner en rond sur moi-même). J'ai vu l'isolement comme la source principale de l'anxiété, du malaise dans la société (comme aurait dit le bon père Sigmund). Je me suis demandé comment on en était arrivé là, comment reconstruire du lien sans rechercher un âge d'or ni renoncer à la liberté etc...

  • @ Michel

    "L'isolement". Tu parles d'isolement.

    Nous en sommes à la castration sociale en France. C'est bien plus douloureux.
    Et je suis totalement impuissante à compenser quoi que ce soit. Je me suis battue et débattue pendant des années, à essayer de mettre en avant des idées que je trouvais tellement évidentes, que c'en était insolent.
    Confer le blog d'Inco où tout est évident, même ses coups de gueule.

    J'ai pu apprécier pendant ce temps la faculté impressionnante des humains à "se prostituer" pour quelque avantage qui s'est très souvent révélé illusion.
    La trahison était un quotidien alors que nous pensions composer une équipe et mener le même combat.

    Fichtre j'en ai eu des vertiges.

    Etonnamment j'ai rencontré une très grande sagesse et beaucoup d'intelligence dans des populations pauvres, misérables même, extra muros, qui n'ont pas fait d'études, dont le combat essentiel était, et est encore aujourd'hui celui de la survie...élémentaire.

    Flash back : ...eux n'avaient rien, et m'ont tout appris et tout donné. Parce que, dans cette histoire vécue, c'était en vie qu'il fallait rester. Et moi ? Qu'ais-je fait pour eux après m'en être sortie ? Je reste troublée, impuissante, et je n'oublie pas.

    Tu vois, plus les sociétés sont évoluées, plus la perversité y est développée.
    Par exemple, la castration sociale n'existe pas dans les populations que j'évoque ci-dessus, quand bien même une extrême barbarie sévit.

  • Heu... Jasmin, révoltée ou très révoltée? Peut-être même écorchée vive comme on dit? C'est ce que je perçois, mais comme tu dis, il manque le son et l'image.

    Oui Jasmin, sans aucun doute la castration sociale en fait partie. Mais "isolement" englobe beaucoup plus large et permet de faire une approche nettement moins morale. Le thème de la castration renvoie à la recherche de coupables. Il me semble trop personnalisé. Une fois qu'on les aura trouvés, on n'aura rien résolu, d'autres prendront tout de suite la place. C'est comme à la pêche, si un jour on prend une belle truite dans un endroit, on est à peu près certain d'en retrouver une autre au même endroit dès le landemain! Ce que je veux dire, c'est qu'il y a des causes structurelles très importantes qu'il faut identifier. J'ai trouvé que le point de départ que j'ai nommé isolement est très riche à explorer.

  • Désabusée, écoeurée.

    Je n'ai aucun doute sur le côté "très riche" à explorer en ce qui concerne l'isolement. Sauf que philosopher ne nourrit pas.
    Je suis lasse de devoir justifier ce qui ne veut ni être entendu, ni écouté, ni compris. J'ai eu mon temps et je m'en fais une raison. D'où je ne suis ni "révoltée" ni "très révoltée".

    Tu écris que le thème de la castration renvoie à la recherche de coupables.
    Ah oui ? En France ?

    Ne t'inquiète pas pour eux, ils sont intouchables et même si, par le mauvais sort ils devaient être condamnés (ceux-là n'ont vraiment pas eu de chance), ils renaîtront de leurs cendres. Peut être une "escale" ou un "intérim" pour les moins "punis", et une 'tite peine pour les malchanceux. Faut s'qui faut.

    Notre civilisation, notre culture, avait instauré les INSTITUTIONS qui étaient le garde fou des graves dérives.

    Eh bien, ces Institutions sont tellement viciées qu'elles ne sont plus un rempart à quoi que ce soit, mais une coursive réservée aux malfrats en quête d'emplois fort bien rémunérés assortis d'aménagements réservés. L'accès est verrouillé, confréries et autre maçonnerie y veillent.

    Les requins ne se mangent pas entre eux. Elle en est là notre société. Et...pas de réactions de la population.
    Note qu'il ne faut pas les prendre pour de sinistres crétins nos "décideurs".
    Ils ont su manoeuvrer pour amener cette passivité, ou cette complicité passive.
    La très perverse accession à la propriété pour tout le monde, surtout pour les moins nantis, n'est pas un cadeau de l'état au bon peuple.
    Au contraire c'est une arme redoutable.
    Et pour ceux qui malgré tout n'y accèdent pas, l'Etat a prévu juste ce qu'il faut pour que ça n'explose pas.

    Amère ? Ah ça oui.

  • @ Michel : Si tu veux !
    Et je me demande si nous ne dissertons vraiment de la même planète.
    J'essaye juste de comprendre (et force le trait).

    TU vois, les mots de Jasmin, je les sais (pour les avoir vécus, moins fort qu'elle, mais quand même).
    Les tiens, quand c'est toi qui prend de la hauteur, eh bien... je suis forcé de réagir "terre à terre".
    Philosopher, c'est passionnant (pour la deuxième note de France au bac cette année là).
    Mais ne pas oublier (Audiard, Jasmin ? Je ne sais plus) cette réplique magnifique dans "Un taxi pour Tobrouk" : un kon qui marche ira toujours plus loin qu'un intellectuel assis !

    Bref... Bonne soirée !

  • I2

    Tu me fais rire à chaque fois lorsque tu te justifies par des notes qui t'ont été attribuées quand tu étais "gamin".
    Avoue que ça ne veut plus dire qrand chose.
    D'abord, "les notes" c'est quelque chose de très aléatoire surtout côté philo. (Pas pareil en math ou en physique).
    Et ça dépend essentiellement du correcteur. Ton texte lui a plu. Tant mieux ! Et si ce même correcteur était généreux re-tant mieux.
    Pour le même travail, tu aurais été "massacré" par un autre.

    D'autre part, qui peut se prévaloir de "philosopher" à 18/19 ans après avoir glorieusement parcouru 9 mois d'initiation "soporifique".

    Il faut de la maturité pour ce faire, non ?
    Aujourd'hui on peut y arriver en y mettant beaucoup de bonne volonté et en ayant énormément lu.

  • Tu as parfaitement raison, Jasmin !
    J'en deviens un vil fat à mon tour.

    Mais vois-tu, c'est à peu près la seule matière qui m'intéressait au Bac, avec un prof qui n'était rien d'autre que la petite nièce de Jung et qui nous collait que des 8/20 tout au long de l'année (pour les meilleurs) !

    J'ai beaucoup appris cette année là et j'ai poursuivis, comme un grand.
    Il m'a fallu 5 ans pour retrouver les mêmes joies avec Cozian qui nous expliquait la fiscalité en cours de droit !
    Bref, c'est très "personnel" et que tu n'en aies rien à cirer, je le comprends parfaitement !

    Pourtant, je me sers de tout cela tous les jours dans mes diverses activités !
    c'est tout.

    Biz !

  • "La petite nièce de Jung"....

    Ca fait une collatérale à quel degré ça petite nièce ?
    Ca commence à vraiment s'éloigner de l'original n'est ce pas ?
    C'est elle qui vous avait révélé sa généalogie ?

    Personne ne lui avait dit que l'hérédité n'était pas systématique, ni même une circonstance atténuante ?
    En tous cas, une telle suffisance ne se révélait pas à travers les notes qu'elle distribuait. Pauvre de nous.

    J'en deviens féroce.

  • Même pas Jasmin !
    Elle enseignait la philo par goût et passion !
    Et conduisait comme un pied : 20 ans pour avoir son permis, et avec sa première voiture, une Alfa 1750 coupée GTI, elle nous a fait faire le tour du pâté de maison et a réussi à brûler une priorité et en faire un demi tonneau !
    Un vrai gag cette prof !
    Des bons souvenirs... Mais bon si tu ne veux plus que je les évoque, je la fermerai !
    Comme dit Michel, ça disperse !

  • Je ne dis pas ça. C'est bien de conserver les bons souvenirs.

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