Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La division du travail, jusqu'où?

    La division du travail c'est le fait de se spécialiser individuellement pour devenir plus efficace collectivement et aussi pour développer les complémentarités plutôt que la concurrence. Les sociétés plus traditionnelles ont peu developpé la division du travail en comparaison des sociétés modernes où la division du travail est un trait prédominant. La division du travail peut même servir de mesure du degré de modernité d'une société (avec le même type de limite que la signification du QI pour l'intelligence!). Quelques références sur le sujet: division du travail. division du travail 2 division du travail 3

    On parle de division du travail dans plusieurs cas de figures:

    • On parle de division du travail quand dans un groupe chacun se spécialise. Il y a celui qui s'occupe de la fabrication, celui qui s'occupe du commerce, celui qui s'occupe des comptes etc..
    • Il y a division du travail quand un groupe (une entreprise) se spécialise. Il y a les entreprises spécialisées dans la fabrication de téléphones, il y a les entreprises spécialisées dans la fabrication des automobiles, il y les entreprises spécialisées dans le commerce international de petits pois....
    • Il y a division (internationale) du travail quand un pays se spécialise dans une activité donnée. Par exemple, la Chine est en train de se spécialiser dans la fabrication d'objets, les Etats-Unis d'Amérique se spécialisent dans les services, La France se spécialise dans le tourisme...

    La division du travail s'appuie sur les gains d'efficacité qu'elle permet (On s'est toutefois apperçu que, poussée à l'extrême, la division du travail pouvait conduire à une productivité moins importante qu'une division moindre. C'est ainsi que certaines chaines linéaires de montage d'automobiles ont pu être avantageusement remplacées par des groupes de travail plus polyvalents et plus responsables). Elle limite aussi les frictions quand la dimenssion complémentarité/concurrence intervient.

    Et si le critère d'efficacité ne s'applique pas ou mal à une activité, que devient-elle dans cette ultra-division du travail qui nous baigne? C'est à mon sens ce qui est en train de se produire avec les services à la personne. La notion de gain de temps associée au gain d'efficacité n'est pas, à mon sens, adaptée à l'activité de service à la personne. C'est tout à fait comme si le temps passé en famille avait un quelconque intérêt à être réduit par une opération d'accroissement d'efficacité. Qu'est-ce que cela veut dire? En second, si l'activité de service à la personne rentre dans la catégorie marchande, c'est tout l'édifice marchand qui en sera perverti, tout le sens et l'intérêt de la division du travail qui en sera affaibli. Il n'y a donc pas seulement danger pour le domaine du service à la personne à intégrer le  domaine marchand, ce danger existe aussi pour tout le domaine marchand par perte de sens de ses principes fondateurs. Le Chèque universel emploi-service peut-il opérer correctement la différenciation domaine marchand/domaine social dans la mesure où il confond catégorisation de l'activité/catégorisation des personnes avec un caractère discriminatoire qui s'ignore du type "les bons dans le domaine marchand/les moins bons avec le chèque aidé emploi service"?

    Si on reconnaît que la pratique de la division du travail s'applique mal au domaine du service à la personne parce que les critères d'efficacité et de gain de productivité s'y prètent mal, alors il est important de concevoir une autre façon de remplir cette activité. Ma proposition est que chacun puisse passer une partie de son temps dans le domaine marchand et une partie de son temps dans le domaine du service à la personne (en plus de la famille ou du groupe affectif). Chacun de ces domaines peut être assez différencié et suivre des logiques assez différentes pour passer de la division du travail à une division de l'activité ou pluriactivité. Dans la division du travail on suppose les critères de rentabilité universels et la division ne passe pas par les individus, chacun se spécialisant dans un ou un autre travail. Dans la division de l'activité, l'individu répartit son temps entre une activité spécialisée à caractère marchand et une activité à caractère non-marchand.

    La division du travail n'a pas encore touché le domaine affectif, est-ce la prochaine étape de la conquête marchande? Allons nous dégrader l'activité affective en activité marchande de reproduction. Cette option ne manquerait pas de bénéficier des arguments rationnels des eugénistes de tous poils, soutenus par des financiers sans état d'âme voyant un nouveau champ de développement économique et une nouvelle source de profits. S'agit-il de développement ou de barbarie?